L'histoire :
En 1928, en Antarctique, un chalutier approche du Cap Victoria. À son bord se trouve Bruce Wayne, un homme fortuné de Gotham qui est parti vivre des aventures durant plusieurs années en compagnie de Dick Grayson et Jason Todd. Ils se sont rendus dans ces terres glacées suite à l'appel à l'aide du bateau du professeur Cobblepot. Sur place, ils découvrent plusieurs cadavres mais pas visiblement celui du professeur. Bruce décide d'explorer un peu plus loin. Il croît apercevoir Cobblepot en haut d'une colline. S'y rendant, Bruce ne voit qu'une grotte. Au fond de celle-ci, il tombe sur un type malingre qui frappe la roche et la glace de son piolet. Une créature étrange et prisonnière des glaces se trouve derrière. L'homme se jette sur Bruce qui le neutralise. Choisissant la prudence, il emmène l'assommé sur le chalutier puis fait exploser la caverne. Bruce Wayne entend dès lors une voix annonçant que quelque chose arrive. Après un long voyage, le bateau atteint enfin le port de Gotham. Le lendemain, le navire est prisonnier des glaces...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Soucieux d'offrir à des auteurs l'opportunité de présenter son univers sous des formes originales, DC Comics avait permis à Mike Mignola, au sein de sa collection Elseworlds, de revisiter Batman. Avec le créateur d'Hellboy aux commandes, il ne fallait pas s'attendre à une épopée colorée et joyeuse. Mike Mignola a choisi de mêler les atmosphères de H.P. Lovecraft à l'univers du Dark Knight. Pour parvenir à une telle alchimie, l'auteur situe l'histoire de son récit en 1928, l'époque où vécut le romancier, et remanie certains grands classiques comme Les montagnes hallucinées ou Dans l'abîme du temps le temps de rebondissements. Les personnages sont bien évidemment des figures connues comme Bruce Wayne, Harvey Dent ou encore Dick Grayson. L'ensemble est original et fonctionne très bien, notamment dans la première partie. Les fans de Mike Mignola reconnaîtront certains tics d'écriture de ce dernier. Ambiance et monstruosité sont au rendez-vous d'un récit qui se révèle être un parfait brouillon à des thématiques que Mignola explorera plus amplement (et habilement) dans les albums d'Hellboy qui suivirent. Le gros regret vient du fait que les dessins soient assurés par Troy Nixey. L'artiste est loin d'être mauvais, l'inspiration de Mignola est omniprésente, mais manque parfois d'un peu de régularité et d'audace pour emballer totalement. En fin d'album, nous noterons l'ajout du court chapitre intitulé Sanctuaire, cette fois-ci dessiné par Mike Mignola, et qui est toujours aussi convaincant plusieurs dizaines d'années après sa création. La malédiction qui s'abattit sur Gotham est au final un ouvrage atypique et intéressant.