L'histoire :
Dans les rues mal famées de Gotham, les prostituées et les sans-abri se font décimer par un tueur en série sanguinaire venu d’Europe. Pendant ce temps, Bruce Wayne est assailli de cauchemars dans lesquels une femme vampire peuple ses fantasmes. Le commissaire Gordon et ses troupes sont débordées à la suite des 19 égorgements perpétrés par le tueur tandis que le maire exige des résultats concrets sans ébruiter l’affaire dans les médias. Lorsque Batman parcourt les rues pour comprendre de quoi il retourne, il tombe nez à nez avec une femme prête à le déchiqueter pour lui pomper son sang. Ces rencontres vampiriques semblent affecter Bruce Wayne qui est de plus en plus fatigué et dont le corps se transforme de manière étrange. Hélas, malgré des examens médicaux très poussés, Bruce Wayne ne trouve pas l’origine de son mal. Ayant épuisé toutes les explications rationnelles, Batman finit par accepter la potentialité de l’existence des vampires
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Batman Vampire fait l’objet d’une belle réédition par Urban Comics. Il s’agit ici d’un elseworld dans lequel Batman se transforme peu à peu en vampire, épousant totalement le symbole qu’il s’était choisi après la mort de ses parents. Le récit offre une tension permanente qui reprend les ambiances des récits de Bram Stocker ou de Mary Shelley en leur rendant un hommage appuyé. Le scénariste, Doug Moench, place son histoire dans les ruelles sombres et enfumées d’une Gotham qui pourrait tout à fait être le Londres de Jack l'éventreur. Le monstrueux tueur en série de Batman Vampire s’attaque d’ailleurs, comme son modèle, avant tout aux prostituées et aux réprouvés. Les personnages principaux de la mythologie de Batman gardent un rôle primordial, Alfred ou Gordon restant les fidèles partenaires de l’homme chauve-souris alors que Tania est ici un succube bienveillant et Selina Kyle un loup-garou protecteur. Même le Joker grimace comme jamais dans cet univers alternatif ! Opposer Batman à Dracula, c’est aussi confronter la chauve-souris à son propre miroir. Doug Moench s’amuse donc, dans ce récit victorien, et onirique à transformer son héros en son alter-ego aux grandes dents aidé en cela par le dessin tranchant de Kelley Jones qui accentue les contrastes et allonge le trait dont l’esthétique ajoute à l’aspect horrifique de l’histoire. Confronter Batman et Dracula peut paraître finalement évident, encore fallait-il oser le faire et, malgré quelques petites facilités scénaristiques, Doug Moench se sort plutôt bien de l’exercice. Les références aux grands auteurs des récits d’horreur britanniques de la fin du XIXe siècle font de ce Batman Vampire un titre assez prenant et très agréable.
