L'histoire :
Chicago en 1962. Après une bataille acharnée, les membres du C.O.W.L (Chicago Organized Workers League) mettent fin aux agissements de Skylancer, le dernier des Six de Chicago, un groupe de super-vilains qui terrorisait la ville et menaçait un conseiller municipal. La menace que représentait ce groupe étant éradiquée, il semble que la ville soit désormais en sécurité. Les agents du C.O.W.L patrouillent dans les rues afin d’endiguer la petite délinquance mais tout le monde s’interroge. Une ligue de super-héros entretenue aux frais du contribuable est-elle encore utile après la disparition du dernier super-vilain ? Grey Raven, une légende vivante à l’origine de la création du C.O.W.L a bien du mal à convaincre la mairie de Chicago de continuer à financer les activités de la ligue. Un bras de fer s’engage entre une ligue paradoxalement affaiblie par la disparition de ses adversaires et une municipalité impitoyable qui a hâte de se débarrasser de ses héros désormais trop coûteux à son goût.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sur certains aspects, C.O.W.L et sa façon de questionner l’utilité des super-héros rappelle inévitablement le Watchmen d’Alan Moore et Dave Gibbons. Une telle comparaison, aussi écrasante, aurait pu nuire à l’œuvre de Kyle Higgins et Alec Siegel mais il n’en est rien. C.O.W.L dispose d’une intrigue qui fonctionne très bien, ménageant le suspense et instillant une véritable tension tout au long du récit. Les auteurs y insèrent des références aux gangsters et aux mafieux qui fonctionnent parfaitement dans l’ambiance poisseuse des années 1960. Les petits arrangements entre ennemis, la corruption politique sont abordées sans manichéisme et personne n’est finalement très propre à la fin du récit. D’autres thématiques sont abordées de manière plutôt convaincante comme le sexisme vis-à-vis du seul membre féminin de la Ligue, sans cesse renvoyée malgré elle, à des questions futiles malgré ses qualités et sa puissance égale à celle de ses homologues masculins. Graphiquement, l’ensemble est aussi une réussite : Rod Reis restitue parfaitement l’ambiance glauque d’un Chicago rongé par la corruption et les rares pages de Stéphane Perger sont de toute beauté. Qu’il s’agisse du scénario ou du dessin, C.O.W.L est une vraie réussite qui offre un regard intéressant sur le rôle des super-héros dans la société. Une lecture de très bonne tenue qui mérite le détour.