L'histoire :
L’An 3000. La planète Terre est envahie par une légion de vaisseaux extra-terrestres. Londres est ravagée. Les humains sont impuissants face à la supériorité technologique des aliens, tentant de fuir la mort imminente qui les rattrape. Le jeune Tom Prentice essaie de sauver sa peau et celle de ses parents mais il assiste, impuissant, à leur mort dans les flammes. Il parvient à se réfugier dans les ruines de Glatonsbury, chantier archéologique où il officie, mais il peine à semer ses affreux poursuivants… Ce qu’il ne sait pas, c’est que son salut, et celui de l’humanité, réside peut-être dans les secrets enfouis de ces vestiges. Car quand l’Angleterre sera en proie à un grand danger, son roi légendaire, Arthur Pendragon, se relèvera pour secourir son royaume. Il aura besoin de sa fidèle Table Ronde pour l’épauler dont la réincarnation prend néanmoins des formes inattendues et ravive de vieilles tensions. Et il se pourrait que certains ennemis bien connus ne soient pas très loin…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En 1982, DC Comics publie le premier numéro de Camelot 3000, relecture futuriste du mythe arthurien par Mike W. Barr. Cette maxi-série en 12 numéros marque une étape dans l’histoire des comics par son format nouveau, son mode de distribution et son édition soignée (papier de meilleure qualité), préfigurant le graphic novel et le futur label Vertigo. Les numéros sont distribués dans le marché direct des comics shop et non en kiosques à journaux, ce qui permet de prendre des risques en cas d’échec (aucune obligation de reprendre les invendus), mais aussi de s’affranchir du Comic Code Authority. Des thèmes tabous pour l’époque – transexualité et homosexualité - sont abordés, et on nous présente une Table Ronde moderne (Guenièvre en femme forte haut gradée dans les forces armées, Lancelot en riche philanthrope œuvrant pour la résistance, des chevaliers aux origines variées devant dépasser leurs conflits intérieurs). Le récit lie habilement thèmes SF de l’époque (voitures volantes du 31e siècle, horribles envahisseurs reptiliens…), thèmes plus politiques (tolérance et fraternité, dirigeants du monde incompétents et immoraux) et références au mythe arthurien (triangle amoureux Arthur/Guenièvre/Lancelot, le Graal). Malgré des longueurs et faiblesses, on se laisse emmener dans ce mélange détonnant et épique grâce à des personnages attachants et des rebondissements fréquents. Tout cela est superbement dessiné par l’anglais Brian Bolland - connu pour son travail sur The Killing Joke - très à l’aise dans la représentation des corps, plein d’imagination, perfectionniste et soucieux du moindre détail, le tout servi par une colorisation qui en met plein les yeux. Cela a certes vieilli par rapport au style actuel mais c’est beau. Pour finir, on mentionnera la très belle édition de luxe (collection Urban Cult), manifestant la volonté de l’éditeur de donner à ce récit la place qu’il mérite.