L'histoire :
Denver dans le Colorado a été l'épicentre en 2017 d'un étrange événement qui a vu les héros de comics prendre soudainement vie et investir la réalité. Leurs combats acharnés ont littéralement détruit la ville et afin de conscrire cette crise sans précédent, un dôme de protection magique a été placé dans l'urgence. Depuis cette tragédie, la population vit dans la haine de ces héros de papier qui ont provoqué l'apocalypse et la lecture de comics est désormais considéré comme un péché. Malgré cela, certains irréductibles vendeurs de BD continuent de braver les menaces d'habitants haineux et de certains intégristes religieux en proposant des lectures de super-héros d'avant le drame. Ainsi, Otto le patron de l'ultime boutique de comics, arborant un cynique Tee-shirt « Whertham avait raison » et sa jeune employée Ellie propose à la vente des reliques d'une époque révolue. Soudain, Otto repère une jeune cliente en train de glisser discrètement un exemplaire sous son manteau et alors qu'il l'interpelle il s'aperçoit que la gamine a le visage recouvert de points de couleurs. Pas de doute, c'est un personnage de comics...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis plusieurs années, Donny Cates s'est imposé comme le nouveau grand scénariste que tout le monde attendait, une sorte d'héritier de l'esprit inventif et percutant de Mark Millar. Pour lui, il n'y a pas de petit récit et chacune de ses productions doit être un événement majeur qui retournera le cerveau de ses lecteurs. Avec Crossover, il franchit un nouveau palier et met en place les bases d'un Cates-verse qui lie ses différentes séries entre elles. Si vous connaissez déjà l'univers fécond du scénariste, vous apprécierez les clins d'œil et si ce n'est pas le cas vous aurez alors l'irrépressible désir d'aller courir acheter chacun de ses bouquins. Chaque épisode est ici construit de main de maître, avec le petit twist de fin de chapitre qui vous incite forcément à dévorer le récit comme des morts de faim. Les personnages sont vraiment intéressants et l'intrigue est quant à elle lancée à vive allure, tel le wagonnet fou d'un grand huit. Cates en profite pour rendre hommage aux BD des années 90 avec lesquelles il a grandi ainsi qu'aux productions de ses copains de l'industrie du comics. Espérons juste qu'il ne tombe pas dans le fan service en multipliant des apparitions qui n'apporte rien au récit. Geoff Shaw, retrouve une nouvelle fois le scénariste avec qui il a travaillé sur Buzzkill ou God Country. Son dessin nerveux et précis parvient à accentuer l'atmosphère dingue et poisseuse de la série. Comme vous l'aurez compris, on vous recommande vivement cette lecture : laissez donc ce comics faire une intrusion explosive dans votre réalité.