L'histoire :
Selon Adam Hugues, seul le sexe fait vendre. Tout commence dans les années 1920 avec l'apparition des pulps. Il y fallait des couvertures accrocheuses où la femme est en danger constant (et en petite tenue). Que ce soit poursuivie par un monstre dans un récit d'horreur, dans les bras d'un cow-boy dans un récit de far-west ou enlevée par un extra terrestre dans un récit de science fiction, la femme devait être toujours jolie et en détresse. Les comic books font leur apparition peu de temps après. Au départ, ce sont des histoires dessinées et écrites par des hommes pour des hommes. Mais la femme y trouve très vite sa place : en 1938, Clark tombe amoureux de Lois Lane qui est elle-même amoureuse de Superman. Batman connaît une puissante rivale avec Catwoman en 1939 et Wonder Woman naît de façon spectaculaire en 1941.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La place de la femme dans les comics peuplés de super-héros gonflés et surpuissants ? Voilà une vaste question à laquelle tente de répondre Louise Simonson dans cette étude sur les créations DC Comics. L’objectif est d’abord de faire le tour des personnages féminins qui ont peuplé les comics. Divisé par chapitres, l’opus se consacre à la biographie de chaque grande femme DC, ayant des super pouvoirs ou non. Ainsi, l’on a une partie consacrée sur Loïs Lane puis Wonder Woman, Supergirl et toutes les femmes qui ont accompagné Batman telle Batgirl, Batwoman, Poison Ivy, Harley Quinn et bien sûr… Catwoman ! Les chapitres suivants balaient les personnages mineurs comme la compagne d’Aquaman, Black Canary ou encore Promethea. Une dernière partie est consacrée aux héroïnes d’aujourd’hui, pas forcément liées aux super héros mais tout aussi redoutables comme les Gen 13, Tulip dans Preacher ou les femmes incendiaires de la série 100 Bullets. L’avantage de ce panel est de montrer l’évolution des comics et leur ramification au sein de la société. C’est aussi une vision intéressante sur la place de la femme dans l’imaginaire populaire : on voit clairement que la gente féminine a longtemps été une marque puissante de marketing avec des couvertures aguicheuses et suggestives. Il n’est ainsi pas rare de voir Wonder Woman serrer d’immenses obus phalliques dans les couvertures d’antan. Les mœurs se libérant petit à petit, les héroïnes se sont faites de plus en plus désirables mais ont gardé cette figure de la femme objet du désir masculin. Les dessins puissamment érotiques d’Adam Hughes en sont un bel exemple. Cependant, les comics ont également grandi l’image de la femme, ne les limitant pas à des rôles de faire valoir. Loïs Lane est une personnalité forte et ultra moderne tandis que Catwoman écrase le volume de sa présence fascinante et complexe. Les amateurs de comics apprécieront de (re)voir cette rétrospective spéciale DC sur certains personnages phares. C’est aussi l’occasion d’admirer les couvertures qui ont marqué l’univers. Des dessinateurs anciens comme Al Plastino, Neal Adams, Joe Kubert ou George Pérez côtoient l’élégance de Michaël Turner, le modernisme froid d’Adam Hughes ou le sublime d’Alex Ross. Malheureusement, l’auteure s’attarde beaucoup trop sur les résumés des œuvres et non sur une véritable analyse de la place des femmes dans la fiction. Même si la connaissance de Louise Simonson sur le sujet (elle est elle-même scénariste de comics) est impressionnante, le tout tourne trop vite à une démonstration de catalogue parfois ennuyeuse. On réalise toutefois toutes les circonvolutions scénaristiques orchestrées par DC Comics qui créé plusieurs versions différentes de certains personnages comme Supergirl ou Batgirl et n’hésite pas à tuer puis ressusciter certains autres. Ce choix laisse sceptique d’autant que Louise Simonson revient sur son analyse seulement en fin de volume avec une toute petite conclusion. Les femmes auraient mérité un meilleur traitement…