L'histoire :
Dans une (ou des) époque(s) indéterminée(s), l’Eglise de la Singularité, une intelligence artificielle devenue un être divin, envoie ses membres pourchasser les Mères Célestes (un obscur groupuscule sectaire) à travers l’Espace et le Temps. L’unique dessein de ces dernières semble être la création d’un œuf et de son contenu, ce qui aurait des conséquences importantes pour l’univers dans son ensemble. Ayant un besoin important d’argent, Neha Nori Sood, une jeune coursière accepte de livrer un colis contre une somme rondelette dans un secteur mal famé. Imogen Smith-Morley, une meurtrière du Syndicat Major (et plus secrètement de la Guilde de vertu) à l’aspect austère et au langage soutenu, rencontre Doman D’Vorth V le chef d’un gang afin de lui adresser le mécontentement de ses supérieurs. Lorsque l’échange s’envenime, Neha Nori Sood arrive sur place pour le dépôt de son colis, destiné à la tueuse. La valise renferme une arme létale dont elle va faire bon usage et provoquer un véritable massacre. Terrifiée par ce qu’elle vient de voir, Neha Nori Sood se voit proposer par Imogen Smith-Morley un enseignement qui ferait d’elle une tueuse redoutable et méthodique.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dernier creator-owned du scénariste Jonathan Hickman, Decorum est une œuvre particulièrement dense qui impose au lecteur un fil narratif à priori déconstruit, ponctué d’interrogations. Si le récit se concentre sur deux histoires différentes qui devraient à terme se recouper (la première à l’envergure galactique et la seconde à taille humaine), on peut être circonspect à la lecture de certaines séquences même si elles ne manquent pas d’intérêt ou de dynamisme. Truffé de références SF de la grande époque de Métal Hurlant (Jodorowsky, Moebius, Druillet, Caza…), Decorum trouve malgré tout son rythme et sa propre voie. Si la question de l’appréciation scénaristique pourrait se poser à certains, la maestria graphique signée Mike Huddleston ne rencontrera quant à elle qu’adhésion, à condition cependant d’accepter, là encore, d’être « bousculé » par une narration et un parti-pris atypique. La facilité déconcertante avec laquelle le dessinateur jongle de simples dessins crayonnés à des peintures particulièrement réussies, est pour beaucoup dans l’intérêt que procure ce titre, premier volet d’un diptyque dont on ne peut encore mesurer l’importance et s’il confirmera toutes ses promesses.