L'histoire :
La seconde guerre de sécession semble enfin devoir s'achever. Les troupes US déployées dans le monde entier sont revenues au bercail, pour défendre le camp du Président et faire tomber les États Libres d'Amérique. Matty Roth, au départ simple journaliste stagiaire pistonné pour aller sur le terrain, a fini par se retrouver isolé. Trempé jusqu'à l'os dans le conflit, il a pris délibérément parti en faveur de Parco Delgado, leader indépendantiste qui a fini par se doter d'une bombe A, déclenchant en retour une frappe nucléaire sur New-York ! Ce n'est qu'à ce moment que Matt a réalisé sa responsabilité. Rongé par les remords et hanté par le sang versé dontil se sent responsable, il retourne une dernière fois dans la DMZ, pour utiliser au mieux les informations qu'il détient. La partie s'avère serrée, car il est grillé dans les deux camps adverses. Arrivera-t-il à survivre et atteindre son objectif : contribuer au cesser le feu ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les habitués de DMZ savent que Brian Wood a choisi un découpage qui inclue des flashbacks et des passages focalisant sur le parcours de personnage secondaires. Cet avant dernier volume ouvre avec deux épisodes dans cette veine. Shawn Martinbrough illustre ainsi un retour en arrière dans le temps, quelques mois avant que la guerre n'éclate. On suit la trajectoire tragique d'un type assez détestable, qui tire un maximum de profit financier du conflit qui s'annonce. Ce n'est pas tant l'histoire du bonhomme qui compte, mais la nouvelle occasion que Brian Wood donne au lecteur de plonger en plein marasme de la société civile américaine. Une fois de plus, on ressort admiratif : comment avoir construit une fiction si emprunte de réalisme ? Comment imaginer l'inimaginable et lui adjoindre autant de crédibilité ? Un véritable exploit, qui vaut d'ailleurs à l'auteur beaucoup de reconnaissance de sa profession. Puis on recolle à la continuité et on retrouve avec grand plaisir les planches de Riccardo Burchielli, même si son prédécesseur n'a pas démérité (au contraire même). Par la même occasion, on renoue avec l'histoire de Matt et son témoignage. Le garçon a connu bien des hauts et des bas, étalés sur presque dix ans de conflit. On croise avec lui quelques rencontres marquantes, le chef d’État-major de l'US Army, le Commandant des forces résistantes, le groupe Trustwell, un Parco Delgado passé du statut d'homme politique providentiel à celui de bête traquée, et bien sûr Zee, son ex petite amie. A l'image de la série, chaque camp semble livrer ses dernières cartouches, la force étant du côté des troupes «régulières». Quelque soit la suite et fin que Wood et Burchielli nous réservent, on ne pourra pas oublier cette vision d'une New-York ravagée, rejoignant avec cette fiction les pires heures de cités comme Kaboul, Beyrouth ou Bagdad, toutes ces villes symboles de civilisations phares que la guerre a ruinées... DMZ, ou comment projeter le pire cauchemar de l'Amérique...