L'histoire :
Nous sommes en 2064 et l'Amérique est divisée en sept nations, chacune gouvernée par un des sept élus. Ils sont les adeptes de l'Apocalypse et se conforment au Message, une prophétie rédigée deux siècles auparavant et qui leur sert de guide dans l'orchestration de la fin du monde. Ils sont aidés en cela par les cavaliers de l'apocalypse, réduits au nombre de trois. En effet, alors que les quatre cavaliers allaient parvenir à leur fin, la Mort les a trahi pour suivre une femme humaine. Aujourd'hui et après que les élus se soient acharnés sur la Mort, celle-ci - sous la forme d'un desperado blafard - revient se venger. Flanqué de deux sorciers, le desperado entre dans un saloon minable à la recherche d'une liste de noms...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
East of West fait partie des comics qui ont fait du bruit en 2013 et pour cause. Récit mariant magnifiquement l'esthétique du western et ses mythes issus des natifs américains avec le surnaturel et les grandes prophéties bibliques, East of West parvient à construire son propre univers et sa propre mythologie au long d'une histoire de vengeance classique mais efficace, qui semble sortir tout droit d'un vieux Clint Eastwood. Si on peut lui reprocher un certain hermétisme - il est difficile de s'y retrouver au milieu des différentes factions, les règles politiques ainsi que la balance en place entre surnaturel et technologie - le lecteur patient et attentif pourra tirer tous les éléments suffisants à comprendre les tenants et aboutissants du récit. La complexité de l'univers est ici contre-balancée par l'universalité des thèmes (l'amour, la vengeance, le bien et le mal...) et par la stature des protagonistes (les cavaliers). Parsemé de petits traits d'humour noir et jouissif quand notre anti-héros fait bien comprendre à ses adversaires qui est le patron, East of West sait être contemplatif et même touchant. Le récit est assez lent mais en constante construction d'un western hors du temps, envoûtant et dans lequel le stéréotype de l'occident, le far-west, jouxte celui de l'orient, la "République Populaire" et ses guerriers aux armures écarlates et aux sabres affûtés. Bien sûr, on peut regretter certains clichés comme son manichéisme, son machisme exacerbé ou le peu d'originalité de la grande menace (la «fin du monde», une habitude, chez Hickman), mais pour peu que l'on accorde sa patience et son attention au monde de East of West, on se laisse emporter par ce conte viscéral, superbement illustré par Nick Dragotta. Et c'est une chevauchée qui en vaut la peine.