L'histoire :
Toujours la même odeur nauséabonde… celle qui lui rappelle le jour où elle avait laissé à l’extérieur du steak haché alors qu’elle partait en vacances. Cette terrible puanteur de viande avariée. Et pour cause : il est là, derrière elle, en train d’essayer de la mordre. Il est encore plus blanc qu’avant, plus terrifiant, plus mort que jamais. Elle finit par se réveiller : encore un nouveau cauchemar qui est encore pire que les précédents, qui semble encore plus vrai. Aisha descend et sa discussion avec Kris lui fait le plus grand bien. Parler de Star Wars et se disputer sur qui est le plus puissant entre Luke Skywalker et Boba Fett, c’est plutôt divertissant et ça aide à penser à autre chose. Leslie est toute fière de montrer son gâteau à sa petite fille Kris : une pièce montée avec un trou façon Sarlacc ! Rien ne pouvait plus faire plaisir à la petite que ce gâteau. Tout le monde est heureux et se réjouit de ce bel instant. Jusqu’au moment où Tom fait une entrée fracassante et se met à déverser sa colère sur sa mère. Aisha ne comprend pas son comportement. Quand elle vient lui demander des comptes, il l’avertit solennellement : sa mère est une dangereuse manipulatrice et elle doit se méfier d’elle…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les récits d’horreur ont le vent en poupe chez Urban (après des titres comme Gideon Falls ou Basketful of heads) et celui-ci ne fera pas exception à la règle, d’autant que la couverture a de quoi attirer l’œil. Pornsak Pichetshote, ancien éditeur de chez Vertigo, livre ici un récit horrifique à glacer le sang. La tension monte perpétuellement et le jeu du surnaturel et de la folie paranoïaque est mené de main de maître. Comme les grands auteurs classiques de la littérature fantastique – on pense à Maupassant ou Lovecraft – Pichetshote distille le doute dans la tête du lecteur qui ne sait plus très bien si tout cela est réel ou une conséquence de la folie des personnages. Chaque page constitue un parfait équilibre entre réalisme saisissant, petite touche psychologique et angoisse sourde. De sorte que le récit ne vous lâche plus et qu’il prend totalement possession de vous ! La faute également à un dessin superbe de Aaron Campbell. L’illustre artiste verse dans l’horreur pour la première fois de sa carrière ; et cela se voit tant il se lâche et multiplie les techniques et les genres. Les monstres qui apparaissent sont autant de délires visuels qui rappellent le style de Dave McKean. Et pourtant, tout cela est finalement très classique malgré un récit parfaitement orchestré. Ce qui est nouveau, c’est le fond politique et la réflexion sous-jacente sur l’intolérance et l’islamophobie. Ce parti-pris novateur accentue le malaise et résonne comme un véritable coup de poing à notre actualité. Et si le monstre était finalement en nous ?