L'histoire :
Par une nuit pluvieuse, une jeune femme monte la garde devant une tente. Elle a constitué un bivouac sommaire et protège un tigre aux rayures vert-bleu. Un renard apparaît alors. Ses yeux luisent et il l'attire le long d'un chemin escarpé. La pluie redouble, alors que le canidé veut manifestement montrer quelque chose à la guerrière. Elle n'a pas long à parcourir, avant d’accéder à une grotte ornée de grandes marches. Elle entame alors une descente et arrive en face d'un bassin. Là, gisant sur un rocher, le cadavre du tigre. Le puissant animal a été criblé de flèches... Sa protectrice pleure et hurle de douleur, invoquant sa vengeance. L'instant d'après, plus rien... La femme est seule, au milieu de l'étendue d'eau... Le jour se lève... Cette vision d'horreur était-elle un cauchemar lié à son stress ou un funeste signe prémonitoire ? Rook, la jeune femme armée de sa lance, s'interroge silencieusement. En effet, ce n'est pas un simple félin qu'elle accompagne, mais sa reine, Olwyn, qui a été frappée par un maléfice lui donnant désormais cette apparence. Cette malédiction les a obligées à quitter le royaume de Maar. Toutes deux sont désormais en route vers Isola, une île légendaire, dont on prétend qu'elle est la terre des morts. Ce serait là-bas que des forces ésotériques pourraient redonner à la reine son apparence initiale, pour qu'elle puisse sauver son royaume...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Isola a suscité une vive attente, après la publication de son prologue, séquencé en chapitres de 2 pages, dans le titre Motor Crush, édité par Image Comics. 10 pages, de décembre 2016 à avril 2017, qui ont donc fait leur effet teaser et qu'on retrouve dans cette édition. Il faut dire que les dessins de Karl Kerschl et les couleurs de Msassk en jettent ! Dans la postface fournie de ce premier tome, on apprend que les auteurs, qui se connaissent depuis leur enfance et qui avaient déjà travaillé ensemble (Assassin's Creed, Gotham Academy), tenaient l'idée de cette série depuis plus de 20 ans. Bien sûr, ils ont démarché la boîte de McFarlane en l'ayant profondément retravaillée, forts de leur expérience professionnelle acquise entretemps. Alors le constat qu'on peut immédiatement faire, c'est que l'esthétique est prenante et le mystère qui s'installe d'emblée font belle impression. Hélas, l'effet est de courte durée. En effet, la narration alterne trop souvent avec scènes d'actions et palabres qui finissent par lasser, tellement elles insistent sur le malheur qui s'est abattu sur cette reine devenue tigresse. Oui, c'est terrible et les dangers qui la menacent non moins, mais ce n'est pas une raison pour le souligner à tout bout de champ ! D'autre part, à trop vouloir préserver les raisons qui ont conduite la souveraine à sa métamorphose, le récit en devient nébuleux, si bien que la tension s'estompe au fil des pages. Dans cette triste logique, on finit ce premier volume en se disant qu'on n'est guère plus avancés qu'au début, ou à peine. On se dit aussi, une nouvelle fois, que de belles illustrations ne font donc pas un bon comic book... Si l'on ajoute que cette aventure se veut être une odyssée revisitant le mythe d'Orphée et d'Eurydice, quitte à passer pour un inculte, on est tenté de vous dire qu'il faut être devin pour le savoir, au vu du contenu de cet album. Mais qui sait, la suite pourra peut être nous éclairer et finalement nous plaire ?