L'histoire :
Accompagné de Gary son unique ami, Jack Horner traverse le pays en conservant bien précieusement sa mallette de trésors. Toujours très affable lorsqu'il s'agit de conter ses exploits, il se remémore la période où il s'est retrouvé dans la jungle Africaine et a croisé une tribu de primates bien bavards. Bien sûr, il en est devenu le maître rapidement en tant que Jack des singes, se déplaçant de liane en liane. Trêve de blablas, les deux acolytes reprennent la route mais le physique de rêve de Jack semble être un lointain souvenir. Désormais, il affiche une énorme bedaine et même sa chevelure de dieu grec semble se faire la malle. Le bel Appolon devient tout simplement moche. De son côté Jack Frost, fils du gredin Jack Horner et de la reine des neiges cherche à s'émanciper du fardeau de ses origines. Il est temps pour lui de vivre sa propre destinée et cela commence par l'abandon des pouvoirs conférés par son illustre mère. Son père est une vile fripouille, lui sera un héros courageux prêt à défendre la veuve et l'orphelin au péril de sa vie. Accompagné d'un surprenant hibou en bois, la grande aventure commence subitement pour lui face à une horde de barbares. Comme les deux faces d'une pièce, les deux Jack sont des opposés que tout oppose malgré leur filiation.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La série Fables de Bill Willingham est l'une des valeurs sure du label Vertigo mais il n'était pas dit pour autant qu'une série spinn-off de la saga serait une réussite. Et pourtant les 50 épisodes de Jack of Fables sont un pur plaisir de lecture, avec cette ambiance loufoque et corrosive si savoureuse. Avec aux manettes le boss Bill Willingham accompagné de Matthew Sturges et Chris Roberson, ce dernier volume clôt en fanfare les aventures de ce parfait anti-héros de Jack Horner. La construction des récits est intéressante car on suit en parallèle la déchéance de Jack dont l'apparence devient hideuse et l'ascension pleine d'héroïsme de son fils. Les auteurs s'amusent à jouer avec les codes de la littérature fantastique comme les œuvres d'Edgar Rice Burroughs telles Tarzan ou John Carter ainsi que certaines œuvres issues de la BD comme Bone de Jeff Smith ou encore l'Incal de Moebius. Mais toutes ces idées saugrenues et ambitieuses fonctionnent aussi grâce au travail incroyable des trois dessinateurs se succédant sur les épisodes. Du grand classique mais le style semi-réaliste est un vrai régal pour les yeux avec une grande finesse des traits, une myriade de détails et des visages qui sont incroyablement expressifs. Nous sommes donc à la fois ravis d'être débarrassé de cette magnifique pourriture de Jack Horner, mais aussi un peu triste de dire au revoir à une série rafraichissante qui nous aura autant fait rire.