L'histoire :
Les Déchets s’en sont pris à elle sans aucune pitié. Trois balles dans le corps : une sur le côté gauche, la deuxième sur le poumon droit et la dernière sous la clavicule. Parfois, la faim pousse à faire n’importe quoi. Mais ils ne se doutaient pas que leur plus grosse bêtise était justement d’avoir essayé de tuer Ève. Car une Lazare ne meurt jamais. Alors oui, il y a des grosses douleurs au réveil et on se sent comme dépossédé de son être. Mais elle est habituée à ce processus. Et elle sait qu’elle n’a pas le choix : les Déchets vont devoir mourir. Alors qu’ils mangent et boivent sans retenue, ils ne l’entendent pas arriver. Ils n’ont pas le temps de réaliser que celle qu’ils ont tuée et qui est recouverte de sang se tient devant eux et est prête à frapper. Le reste dure seulement quelques secondes : Ève n’est pas seulement immortelle. C’est aussi une formidable machine à tuer. Prise de karaté, esquive, bras cassé, corps éventré, utilisation de l’arme de l’attaquant : la palette de la combattante est redoutable. Le scientifique James fait ensuite le point avec elle sur tout ce qui s’est passé. Visiblement, la machine de guerre ne ressent pas de choc post traumatique et tout semble aller pour le mieux. Mise à part qu’elle s’interroge et se demande s’il est normal de ressentir une forme de culpabilité avant de les tuer. Elle n’a pas trop le temps de se poser des questions cependant car elle est appelée par son frère Jonah de toute urgence.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Alors que le tome 8 de Lazarus sort le même mois, Urban en profite pour rééditer cette série en intégrale. Le premier tome réunit les deux premiers opus de la saga. Et si vous ne connaissez pas encore ce titre, preparez-vous à prendre une claque. Du genre qui fait mal comme ce début ultra violent où l’on apprend à connaître Ève alias Forever. Cette nouvelle super-héroïne, super soldat et super efficace fascine d’entrée et ne cessera d’être la pierre angulaire du récit. Pour le reste, Greg Rucka déploie avec intelligence un univers dystopique puissant et étouffant. Imaginez seize milliardaires sous le nom de Famille qui se partagent les richesses du monde. Ils sont épaulés par des spécialistes ou des personnes utiles appelées les Serfs. Tout le reste n’est que menu fretin et porte le nom de Déchets. Cela vous rappelle quelque chose ? Formidable critique sociale et terrible vision des iniquités mondiales, l’œuvre exploite à fond le thème en décrivant une famille puissante à la morale plus que douteuse. La deuxième partie étoffe l’univers en décrivant pas à pas une lente Ascension des Dérivés. Cet univers se dévoile lentement et par petites touches fines et subtiles mais on sent que ce n’est que le début d’une saga énorme. Les annexes qui décrivent avec précision les différentes Familles montrent que la série a encore de beaux jours devant elle. Avec le scénariste de Gotham Central, on pouvait s’attendre à une intrigue policière angoissante et on est servi ! Complots, trahisons, attentats, tout est réuni pour des passages choc et des rebondissements explosifs. Michael Lark est d’ailleurs le dessinateur idoine pour rendre ce polar nerveux et sombre. Lazarus forever…
