L'histoire :
Herbert Edmund Crowley est né en octobre 1873 en Angleterre. Créatif et artiste dans l'âme dans une famille pourtant peu cultivée, il est attiré par le chant et rêve d'être un chanteur d'opéra. Il étudie le chant à Paris et s'installe ensuite à Toronto où il fait des récitals. Il vivote de pays en pays et recherche le succès aux Etats-Unis. Il vit dans la difficulté et sa famille ne peut guère l'aider. Il semble également qu'il y ait eu une réelle rupture avec sa famille. Tout ceci fait que Herbert abandonne son rêve de devenir chanteur. Il s'installe alors à New York en 1910 et rencontre l'artiste John Frederick Mowbray Clarke et Mary. Leur amitié est forte et solide et Clarke l'initie à la sculpture. Les trois amis s'installent dans une ferme à Rockland.Ils baptisent l'endroit le "Brocken". Après beaucoup de travaux d'aménagement, ils sont bien installés en pleine forêt, dans un coin de paradis. Herbert a sa propre maisonnette et de nombreux artistes vont passer par ce havre de paix. Les choses ne sont pas simples pour autant pour Herbert qui gagne très mal sa vie. Sa sœur l'aide de temps en temps mais il vit au jour le jour, travaille et dessine sans relâche. Il fera bientôt une bande dessinée pour la presse : The Wigglemuch...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Herbert Edmund Crowley... ce nom ne vous dit sûrement rien et pourtant, cet artiste anglais est le créateur de ce fameux personnage de bande dessinée si particulier The Wigglemuch, sorte de créature a deux pattes et rond comme un gigantesque escargot. Réhabiliter la mémoire de cet artiste oublié est le leitmotiv de Justin Dueer, lui même artiste et écrivain. Quand on voit le livre en tant qu'objet, on sait déjà qu'on a en mains quelque chose de peu commun. L'édition est de toute beauté, grand format vertical avec un papier farificiellement jauni comme pour rappeler une époque ancienne. De quoi donc nous plonger dans ces archives menées de façon remarquable. Tout le texte de Duerr rappelle la vie tumultueuse de Crowley et narre avec beaucoup de modestie le processus difficile de recherche de ses œuvres (plus de dix ans d'exploration ont été nécessaires !). Crowley est en effet un de ces artistes maudits qui a vécu dans le dénuement, l'anonymat total et a failli sombrer dans l'oubli puisqu'il a lui-même tenu à brûler et détruire toutes ses œuvres... Ce n'est donc pas peu dire si cet ouvrage est important à plus d'un titre ! Magnifique témoignage d'une époque vive d'artistes et d'idées, le texte raconte la carrière tumultueuse de Crowley. Puis, c'est la «récompense» superbe et merveilleuse : toute l'iconographie de l'artiste et des photos de ses sculptures ! Quel trésor, quelle splendeur, notamment ses fameux Temples qui a attiré le regard de Jung, qui y a vu une sorte de mandala psychique puissant. Et bien sûr, Duerr reproduit l'intégralité des illustrations du Wigglemuch parues dans le New York Herald en 1910. Héritière de Little Nemo et d' Alice aux pays des merveilles, cette créature étrange est une curiosité fascinante. Un ouvrage magnifique et plein d'émotions qui donne enfin à Crowley le succès qu'il mérite !
