L'histoire :
Cet album réunit plusieurs récits dont :
- Le capitaine Adams de l'U.S. Air Force est aussi le Captain Atom. Lors d'une exposition de prototypes aéronautiques, le héros nucléaire déjoue une tentative de vol mais voit son costume censé contenir la radioactivité de son corps, être endommagé. Sitôt, la presse s'empare du sujet et dénonce la menace que fait peser Atom sur le pays. La population va vite prendre peur. Comble de malchance, alors qu'il enquête sur la tentative de vol qu'il a contrecarré, il perd ses pouvoirs et se retrouve à la merci du gang de voleurs et de son chef. Qu'adviendra-t-il du héros atomique ?
- Une vague de pillage perpétré par Killer Koke et sa bande a lieu à Hub City. C'est l'occasion pour Ted Kord, le tout nouveau Blue Beetle, de faire sa première sortie en tant que super-héros aux manettes de son vaisseau scarabée blindé de technologie de pointe. Interrompant un braquage dans une banque de la ville, il est rudement mis à l'épreuve par les malfaiteurs et ne doit son salut qu'à son costume doté de gadgets derniers cris. Cependant, et malgré le fait qu'il livre les voleurs aux autorités, celles-ci restent dubitatives quant à la contribution du héros. Pour la police, la méfiance est de mise concernant les encapés .
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C'est un morceau d'histoire que publie ici Urban Comics et ce, pour plusieurs raisons. Tout d'abord, il permet de découvrir des titres de Charlton Comics, un éditeur modeste qui durant 40 années aura diverti des milliers de lecteurs. Chez ce dernier, les héros ne sont pas lisses comme c'est le cas à l'époque chez DC Comics mais ne sont pas non plus les « héros à problèmes » que Marvel avait lancé avec brio quelques années auparavant. Les personnages de Charlton Comics s'inscrivent davantage dans des inquiétudes plus larges en terme de paradoxes sociétaux. Ainsi, le Captain Atom représente la peur/ fascination du nucléaire : l'arme Atomique rassure autant qu'elle terrifie et le patriotisme se mélange vite à la paranoïa, il en va de même pour ce pauvre Captain. Le Blue Beetle aborde la difficulté de succéder à un autre et d'assumer son héritage là ou The Question est une critique acerbe des médias et de la puissance des lobbys qui en plus d'avoir des accointances avec la pègre, noyautent les organes de presse. L'innocence n'est définitivement pas l'apanage de Charlton Comics et même ses héros sont souvent à la limite de la morale. Le Blue Beetle a tendance a appliqué une certaine forme du culte du surhomme ou de sa transcendance quitte a fustiger voire combattre la contre-culture ! Quant à The Question, il ne porte pas assistance aux malfrats en danger de mort. D'ailleurs ces héros émettent très souvent le souhait de voir les méchants passer à la chaise électrique, preuve s'il en fallait une de plus que nous sommes face à des personnages ambiguës pour ne pas dire réactionnaires. Pas étonnant donc que cet univers, suite à son rachat par DC Comics dans les années 80, ait énormément intéressé un certain Alan Moore. Le britannique imagina les personnages dans un récit audacieux et poussera si loin les travers de ses individus que finalement DC Comics lui demandera de créer son propre monde. Moore s'en inspirera donc et l'on voit immédiatement les équivalences de personnages entre Charlton et l'oeuvre magistrale qu'est Watchmen. En terme de dessin, nous sommes sur des réalisations des années 60-70 et il est vrai que certains pourraient être rebutés par l'aspect old school. Cependant, l'ensemble reste efficace et incroyablement dynamique pour l'époque. C'est donc bel et bien de l’archéologie des comics que nous propose Urban Comics avec ce livre et si le pari est osé, il n'en est pas moins réussit.