L'histoire :
Son travail de secrétaire lui prend tout son temps mais pas ses pensées. En réalité, elle pense sans arrêt et sans le vouloir à son patron : George. Cet homme si fort et en même temps d’une gentillesse sans égal est l’homme idéal pour Joan. Mais ce n’est pas la situation idéale car il n’est pas seul et le pire, c’est qu’il est en couple avec sa meilleure amie, Marla. Quelle torture que de l’entendre parler de sa relation ! Marla semble amoureuse et n’attend qu’une chose : que George lui demande sa main. Pourtant, quand elle est au travail, Joan sent que George n’est pas insensible à ses charmes. Est-ce le fruit de son imagination et de son envie secrète ou est-ce la réalité ? Elle y trouve vite une réponse quand elle vient le soir au bureau pour aider son patron. Il est tellement heureux qu’elle lui donne un coup de main que leurs lèvres se rapprochent et se touchent langoureusement ! Mais George se rattrape très vite et s’excuse, l’air totalement gêné. Joan n’est pas gênée et elle a adoré ce moment mais elle est perdue. Que faire maintenant ? Leur amour est impossible et elle va devoir travailler avec lui et le voir tous les jours sans ne plus jamais pouvoir regoûter à ses lèvres si douces. Les mois passent et Joan éprouve toujours le même feu en elle. Au contraire, son amour ne fait qu’augmenter. Un jour, Marla lui annonce une grande nouvelle : elle va se marier. Joan est effondrée car sa dernière chance d’être avec George s’est envolée. Mais Marla lui explique qu’il ne s’agit pas de son patron : ils ne sont plus ensemble depuis quelques semaines !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
S’il y a un sujet que Tom King n’a pas abordé, c’est bien l’amour. Le génial scénariste répare cet oubli en s’emparant du sujet à bras le corps mais aussi à sa manière. Car King ne va jamais là où l’on pourrait l’attendre et refuse toute facilité. Ici, c’est une histoire d’amour sans fin qui se répète inlassablement entre Joan Peterson et des hommes qu’elle aime ou qu’ils l’aiment. On change d’époque, de partenaires, de contexte social ou de situations amoureuses mais Joan vit au fond toujours la même chose. Cette étonnante narration montre à nouveau que l’auteur surprend sans arrêt et déploie une intrigue jamais lue auparavant. Chaque saynète amoureuse est un exercice de style savoureux, que ce soit le triangle amoureux au travail, la servante qui ne peut épouser son maître de maison ou encore la jeune lycéenne qui s’éloigne de la fiction en allant dans les bras du beau gosse du lycée. Le passage lors de la première guerre mondiale est particulièrement puissant et très émouvant. Cette répétition des scènes d’amour est un superbe pastiche des feuilletons de romance mais aussi parfois, une féroce satire. Les sentiments dégoulinent tellement qu’ils finissent par écœurer et seule une mort brutale peut balayer ce récit « raté ». On est sans arrêt en train de se demander où va King et quel secret cachent ces innombrables histoires d’amour qui traversent le temps. La seule frustration réside dans le fait que vous n’aurez pas la réponse dans ce tome, même si plusieurs indices sont donnés par ci par là. Pour le reste, c’est tout simplement magnifique avec des personnages superbement travaillés et des scènes de vaudeville sensibles et raffinées. La Française Elsa Charretier propose un dessin un brin caricatural qui ressemble à s’y méprendre à celui de Darwin Cooke. Cette impression d’animé rend bien le côté sentimental et la parodie qui se cache derrière ces histoires enchâssées. Nous pouvons le dire sans rougir : notre amour pour Tom King est éternel !