L'histoire :
Dans les locaux de Cadmius, une entreprise de bio-ingénierie, les collègues de Kevin Kho déplorent l'absence de ce dernier. Ils n'ont guère le temps d'élaborer car tout d'un coup, le chaos survient avec l’apparition d'un goliath bleu : O.M.A.C. Ce géant fracasse tout sur son passage et se débarrasse sans peine des agents de sécurité de Cadmius. Une voix venue d'ailleurs semble le diriger et lui ordonne d'accéder à l'ordinateur central de l'entreprise. En arrivant dans les sous-sols de Cadmius, O.M.A.C. découvre un immense laboratoire sous-terrain dirigé par une créature dénommée Mokkari. Mokkari et ses troupes se lancent à l'attaque mais O.M.A.C. prend le dessus et parvient à accéder à l'ordinateur central, pour la plus grande satisfaction de la voix le dirigeant. Sitôt sa mission accomplie, O.M.A.C. disparaît, téléporté sur ordre de la voix, au grand dam de Mokkari. Et c'est un Kevin Kho complètement désorienté qui se réveille dans le désert, ne comprenant pas comment il a bien pu se retrouver là. Son téléphone sonne alors et, à l'autre bout de la ligne, il entend la voix qui dirigeait O.M.A.C. : la voix d'un satellite intelligent nommé L’œil...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C'est en 2011, dans le cadre de la Renaissance (New 52 en VO) de ses différents titres que DC Comics se lança dans une nouvelle mouture d'un des personnages phares de l'histoire des comics : O.M.A.C.. Si le personnage fut à l'origine une création du grand Jack Kirby et ne connut qu'un succès public mitigé - la série s'arrêta rapidement - le dynamisme du graphisme couplé à l'imagination fertile du grand Jack firent rapidement de O.M.A.C. une icône du comics américain. C'est dire si le pari de relancer une série dédiée à une telle figure était une gageure. Et pourtant, la pari a été, on peut le dire, relativement gagné. Si le O.M.A.C. de Kirby et son côté non-stop action était sans conteste jouissif au possible, Keith Giffen (La Légion des Super-Héros, Doom Patrol) et Dan DiDio (Outsiders, Phantom Stranger) ont l'intelligence de s'en démarquer en accordant une plus grande part à l'alter-ego humain de O.M.A.C. et c'est plutôt une bonne chose. Par exemple, le nouvel O.M.A.C. est plus une proie qu'un chasseur et Kevin Kho fait ici l'objet d'un intérêt nettement plus marqué de la part de son auteur que Otto Ordinaire ne le fit de la part de Kirby et son rôle dans l'histoire est bien plus important. Au point, d'ailleurs, que la ressemblance de Kevin avec un certain Bruce Banner - surtout par rapport à la série tv - est difficilement discutable. Là où cette nouvelle cuvée pêche, en revanche, c'est par son approche "combat du mois" avec O.M.A.C. affrontant dans chaque numéro un antagoniste - ceux-ci sont au demeurant très réussis - dans le cadre d'une mission confiée par l’œil dont les motifs restent hélas trop sombres durant le cours de la série. Les auteurs en font aussi un peu trop et balancent trop de références à l'univers de Kirby, allant jusqu'à jeter d'emblée le héros dans l'univers du Quatrième Monde. Notons aussi que le huitième et dernier numéro de la série, qui conclut ce recueil, installe un véritable tournant dans l'histoire et que les conséquences de cette épatante conclusion laissaient entrevoir une série plus dramatique et plus personnelle. Dommage que ce tournant ne soit arrivé que sur le tard. Pour ce qui est du dessin, Scott Koblish assure et son dessin se calque sur le trait de Jack Kirby sans jamais tomber dans la copie ou la parodie. Le seul problème étant que le King ayant inspiré lui-même tant de dessinateurs, les traits larges et raides des personnages humains font souvent penser à ce que les années 90 ont pu produire de moins glorieux. Du très bon et du moins bon, donc dans cet O.M.A.C. nouvelle génération mais Giffen réussit quand même là où on ne l'attendait pas en produisant un comics entraînant et pêchu qui aura eu pour plus grand défaut de ne pas assumer ses velléités plus rapidement.