L'histoire :
Le monde a connu de nombreux changements en l'espace de quelques décennies, et pas des moindres. En 2053, en Europe, l'islam est dorénavant la religion majoritaire, tandis qu'à l'Ouest un véritable désintérêt pour le monothéisme est tenace. Le Pape Pie XIII, surnommé le Pape Noir, apprend d'un de ses proches conseillers, le cardinal Beppi Pelle, que des chercheurs du CERN viennent de réaliser l'impensable, en fabriquant une machine à voyager dans le temps. Très vite, le Saint Homme réunit autour de lui ses proches au Vatican et une décision est prise. Une armée aux ordres de l'église va être réunie et envoyée en l'an 312, période durant laquelle le 1er Empereur romain chrétien est au pouvoir, pour l'aider à asseoir sa position et ses envies de croisade. Seulement, détruire le passé permettra t-il réellement de créer l'avenir ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les fans de comics Marvel connaissent depuis déjà quelques années les écrits de Jonathan Hickman. Responsable de formidables runs sur Fantastic Four et dernièrement sur Avengers (où il a succédé à Brian Michael Bendis, tout de même), l'auteur a également publié des séries chez d'autres éditeurs, dont Image Comics. L'an passé, le one-shot Red Wing et la série Projets Manhattan ont permis de découvrir une facette inconnue en France du scénariste, à savoir sa capacité à écrire autre chose que des histoires de super héros et à le faire excellemment. Parmi les autres titres d'Hickman, il y a ce Pax Romana qu'Urban Comics publie à présent au sein de la collection Urban Indies et qui se présente comme une uchronie complexe et audacieuse. En imaginant un monde dans lequel le rôle de la religion catholique est en passe de disparaître, l'auteur trouve un postulat intéressant et l'idée de faire voyager dans le temps des soldats contemporains (de 2053 quand même) au début du IIIème siècle est assez emballante. Son récit est dans la lignée des créations que les fans connaissent déjà, à ceci près qu'il assure lui-même les dessins ! Le rendu est étonnant et le traitement visuel évoque sous certains aspects le trait brut d'un Alex Maleev en beaucoup moins encré, utilisant un minimum de couleurs pour faire ressortir les contrastes. L'ensemble n'est pas parfait mais reste très bon. Enthousiasmant et même captivant jusqu'à son dénouement, Pax Romana risquera cependant de déstabiliser plus d'un lecteur avec sa narration assez particulière, faite de nombreux dialogues, de moult précisions et de documentations assez bavardes. Un rythme de lecture assez lent mais néanmoins prenant.
