L'histoire :
Syd Dallas est le créateur et dessinateur de The Domain, un super héros devenu une icône pour des millions de lecteurs américains. Comics, films, produits dérivés, The Domain est une véritable mine d’or. Seulement Syd Dallas ne roule pas sur l’or car il n’est pas propriétaire de son œuvre mais seulement employé de Singular Comics. Cette injustice est de trop pour son fils Miles qui veut autant rendre la dignité à son père résigné, que ne pas laisser filer l’argent qui lui reviendrait un jour ou l’autre. Coincé dans un job pourri et obéré jusqu’au cou, Miles va tenter de convaincre sa famille d’engager des poursuites judiciaires contre le mastodonte Singular Comics et son armée de juristes. Mais difficile de se battre quand on a accepté les règles du jeu à la base et que le combat semble perdu d’avance. Cette bataille sera aussi un moyen de ressouder une famille qui s’est perdue de vue pour de bonnes ou mauvaises raisons.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Curieuse histoire que ce Public Domain de Chip Zdarsky. Lui qui est devenu le nouveau scénariste de Batman et de comics indé comme Newburn, il propose de se pencher sur le système particulier de l’industrie américaine du droit des auteurs. On l’a vu avec la bataille judiciaire des créateurs de Superman, Jerry Siegel et Joe Shuster, qui n’ont cessé de réclamer des droits d’auteurs à DC comics suite au succès du super héros au slip rouge. Mais aux Etats Unis, les auteurs cèdent leurs droits à la maison d’édition et ne sont pas propriétaires de leurs personnages. De la même façon, ce n’est que très récemment que Bill Finger a vu son nom accolé à celui de Bob Kane en tant que co-créateur de Batman, suite au battage médiatique de ses descendants. Ce qui pourrait passer pour légitime pour des Français ne l’est pas pour les Américains ni pour Chip Zdarsky. En effet, Zdarsky ne cherche pas avec Public Domain à remettre en question cette institution. Il le dit dans son avant-propos et l’explicite dans le comics, pour lui ce système ne peut être critiqué quand on en connait les règles en amont et si l’on veut, il est aujourd’hui possible de créer des œuvres dans des labels indé, vous octroyant la propriété de celles-ci. Ce qui inquiète Zdarsky est plutôt, à l’instar de Bill Finger et ses descendants, l’avidité possible de la famille des auteurs qui ne voient dans ces comics qu’un héritage financier plutôt qu’une création artistique. Ainsi Miles, le fils de Syd Dallas, voit dans ce combat plus une manière de se sortir de ses dettes que de se battre pour faire reconnaitre le talent de son père. Père qui, lui, est motivé uniquement par la création et qui se lance même dans l’édition indépendante pour satisfaire toutes les parties. Accompagné d’un dessin honnête, Public Domain reste une lecture originale car elle nous fait pénétrer dans un monde inconnu, où le cynisme et l’hypocrisie des grandes éditions n’est pas mise de côté, mais laisse transparaitre une résignation troublante de son auteur sur ce système imparfait.
