L'histoire :
Ce second volume démarre avec 4 courtes histoires avant d’enchaîner sur une suite des aventures de sandman liée au premier tome. La première histoire courte nous emmène chez un auteur en mal d'inspiration et nous en apprend plus sur les muses. Elle pourrait peut-être être autobiographique. La seconde histoire semble réellement sortie d’un rêve, ou d’un cauchemar selon le point de vue. En effet, il se pourrait qu’un jour les chats deviennent les maîtres de l’homme si le rêve a ce pouvoir que lui prête Neil Gaiman. La troisième histoire est une adaptation libre d'une pièce de Shakespeare, « le songe d'une nuit d'été ». Et la dernière courte histoire nous parle d'une des sœurs de Sandman : la mort et de ses sentiments. Enfin, entrons dans la véritable histoire de Sandman et suivons-le à la recherche du pardon, sur une route qui le ramène en enfer, forcément, où une surprise de taille l’attend. Voilà notre héros bien embarrassé et nous comprenons alors que les dieux n’ont rien à envier aux humains quand il s’agit de convoitise et de coup bas. Neil Gaiman se fait un plaisir de mêler les pistes, d’emmêler les mythologies, et de noyer tout ça sous le sable.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avant d’attaquer Sandman, les craintes pointent que cette série soit nébuleuse, trop floue artistiquement, illisible graphiquement et narrativement. Mais la réalité est toute autre. Neil Gaiman offre une histoire d'une étonnante fluidité et très lisible, tout en proposant une vision du monde particulière, qui peut entraîner le lecteur sur des chemins de réflexion inédits et approfondis. Car Sandman n’est pas seulement une histoire qui vous attrape et ne vous lâche plus, c’est aussi une vraie réflexion sur le monde, la société et le rapports aux autres. Sous couvert de narrer les aventures (ou les rêves) d’un immortel, Neil Gaiman parle en fait de nous, mortels, humains. Sandman, cœur blessé, se venge, comme un homme déçu par l’amour. Certes, sa vengeance est démesurée, mais c’est un immortel. Puis, lorsque sa sœur (la Mort qui, elle, connaît le prix de la vie) le met face à ses contradictions, il cherche comme nous tous à réparer ses erreurs, à se repentir. Et là, il se trouve face à des réactions très humaines (que ce soit le ras-le-bol de l’ange déchu ou la réaction – très féminine et très humaine – de sa bien-aimée). Ces histoires de rêves ne sont pas seulement une réflexion, elles sont aussi très divertissantes car Neil Gaiman est un maître de la narration et du coup de théâtre. Il sait jouer de toutes les surprises avec tous ses personnages. On attend un combat, il nous livre une démission ; on attend un baiser, il nous livre une claque… Et quand Sandman se ressaisit enfin et ne cède pas aux sirènes et aux promesses, à la surprise générale, il redevient ce héros ordinaire que l’on peut tous être quand on fait le bon choix. L’atout d’avoir plusieurs dessinateurs permet de resituer les différents Dieux dans leur genre (orientale, helléniques, ancienne mythologie du nord…). Les décors sont justes, alors qu’il serait facile de tomber dans l’exagération (on est chez des Dieux, quand même). Et la visite VIP de l’enfer est un moment jouissif comme il y en a trop rarement en BD. De quoi avoir en mémoire et pour un moment encore la fameuse chanson : Mister Sandman....