L'histoire :
Au royaume des Songes, le personnel s’interroge sur l’état du maître des Songes qui s’isole ruminant de sombres pensées et recrée le Corinthien dont la précédente version avait pourtant tenté de le tuer. Au pays de l’Eveil, Lyta Hall se révèle être une mère hyper protectrice qui ne quitte jamais son petit Daniel au grand désespoir de sa meilleure amie Carla. Carla la pousse à reprendre une vie sociale. Lyta Hall hésite mais accepte un rendez-vous avec un homme. A son retour, le petit Daniel a disparu. Deux étranges inspecteurs de police s’emparent de l’affaire et annoncent à Lyta la mort de son fils. Folle de douleur et de désespoir, la jeune femme n’a plus qu’une idée en tête : se venger de celui qu’elle pense responsable de son malheur : le Sandman. Lyta, au cours d’un long parcours initiatique, part en quête de celles qui vont pouvoir l’aider à accomplir sa funeste vengeance, les trois Furies. Parviendra-t-elle jusqu’au pays des Songes et qu’y trouvera-t-elle ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
À nouveau dans ce 6ème opus, le scénariste Neil Gaiman s’amuse à prendre le lecteur à contre-pied. Alors que le précédent opus nous emmenait au cœur des légendes et contes des cinq continents, Gaiman reprend ici le fil de l’histoire tissée dès le premier tome, presque vingt ans auparavant. Morphée est au centre de ce drame complexe qui se joue depuis sa capture par Roderick Burgess mais aussi et surtout depuis que Morphée a donné la mort à son propre fils Orphée. Comment un père, fut-il l’un des puissants Infinis, un Dieu parmi les Dieux, peut-il vivre avec un tel poids, avec un remord permanent ? Neil Gaiman livre ici un récit tout en tension et il est assez agréable de retrouver dans ce volume un récit unique tournant autour du personnage central du Sandman, un peu oublié dans les précédentes histoires. L’auteur semble offrir une magistrale conclusion – mais est-ce vraiment une conclusion – à ces années d’incroyables aventures. Gaiman convoque les grandes figures mythologiques et légendaires entrant les unes après les autres dans la grande danse macabre qui nous conduit avec tristesse jusqu’à un déroulement inéluctable dont on aimerait pouvoir repousser l’échéance. Neil Gaiman nous offre à nouveau une histoire unique, empreinte de mélancolie, de beauté, de peine et d’espoir. L’auteur sert son récit par une érudition et une écriture extrêmement soignée qui porte vraiment Sandman au niveau d’une œuvre littéraire. Sur le plan graphique, le style haché, les visages taillés à la serpe rendent bien la violence sourde et la tension qui s’échappent de cette histoire. Les notes en fin de tome sont passionnantes et éclairent le travail de l’auteur et des illustrateurs. On ne peut refermer ce sixième volume qu’avec un sentiment de nostalgie teinté d’espérance.