L'histoire :
Stormwatch est une équipe d'intervention spéciale composée de sur-hommes travaillant pour le compte des Nations Unies. Elle est dirigée par Henry Bendix alias Weatherman. À l'intérieur de Skywatch, un vaisseau stagnant en orbite autour de la Terre et capable de téléporter, il dirige les gendarmes du monde d'une main de fer. Il réunit tous les membres de Stormwatch suite à l'une de leur dernière mission qui a vu l'un des leurs mourir. Bendix a compris qu'une nouvelle organisation s'imposer. Il leur annonce créer trois nouvelles factions, fait venir trois nouvelles recrues et licencier certains d'entre eux. Certains ne comprennent pas les choix de Bendix mais doivent s'y faire. Battalion passe de commandant à officier formateur, une décision justifiée car ce dernier a une relation intime avec Synergy. Les nouveaux venus, Jenny Sparks, Jack Hawksmoor et Rose Tattoo, ne laissent pas indifférents les autres. De toute façon, ils vont pouvoir montrer leur qualité car une mission les attend déjà...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au début des années 90, l'industrie des comics subit un véritable électrochoc avec la création d'un nouvel éditeur par certains auteurs les plus populaires du moment : Image Comics. Au sein de ce dernier, Jim Lee se créé son propre label, Wildstorm, qu'il déménagera ensuite chez DC Comics à la fin de l'année 1998. Très vite, il lance WildC.A.T.S., Gen13 et Stormwatch. Ce dernier titre fut co-créé par Jim Lee, Ron Marz, Brandon Choi et H. K. Proger en mars 1993. Durant 36 épisodes, nous y suivons les aventures d'un groupe de super-héros façon Avengers ou Justice League. Alors que la série vivote et cherche un véritable marqueur lui permettant de marquer les esprits durablement, Wildstorm fait appel au scénariste britannique Warren Ellis dont les débuts ont su attirer les regards. Dire que cela a été un coup de maître serait un euphémisme tant l'auteur a considérablement secoué le titre au point de le transcender. Son récit débute au lendemain d'une mission qui s'est soldée par la mort d'un des surhommes. Le leader de Stormwatch décide alors de changer son équipe en profondeur et afin de ne pas réitérer les causes de cette douloureuse épreuve, va créer trois groupes d'intervention. Warren Ellis n'y va pas avec le dos de la cuillère et dégage de la série les personnages qui ne l'intéresse pas, en incorpore de tout nouveaux comme l'immortelle Jenny Sparks, la tueuse Rose Tattoo et le Dieu urbain Jack Hawksmoor. Son nouveau casting va très vite se retrouver en mission et donner l'occasion à l'auteur d'explorer des approches différentes, parfois plus engagés dans sa critique de la politique américaine, parfois plus horrifique, etc. Jouant à merveille avec les codes du genre mainstream, le britannique réalise des épisodes dont l'intrigue tient en un numéro, permettant ainsi de brasser des thématiques variées et d'éviter une éventuelle lassitude ou redite. Loin de son DV8 chez Wildstorm qui servait plus de laboratoire d'essai à l'auteur, Stormwatch nous accroche immédiatement et se place en parfait relais des génération de comics de super-héros des années 80 à ceux des années 90, voir même des années 2000. Les sous-intrigues sont nombreuses, certains personnages fascinent totalement comme Henry Bendix et ses décisions calculées et stratégiques, Jenny Sparks et son douloureux passé... La grande force du titre est également d'être très abordable et ne pas avoir lu les précédents épisodes n'a strictement aucune importance, ceux-ci n'ont d'ailleurs jamais été réédité aux U.S.A depuis leur parution. Warren Ellis est en plus accompagné par un dessinateur qui remplit parfaitement son poste. Tom Raney n'est pas forcément aussi clinquant que Bryan Hitch mais le talent de celui-ci s'exprime parfaitement dans ses pages. Nous noterons aussi la présence d'un hommage aux cadors comme Will Eisner ou Jack Kirby durant un chapitre très réussi. Posant les bases de ce qui constituera un autre de ses chefs d'œuvre, The Authority en l’occurrence, Warren Ellis a entamé une mue artistique qui a fait de lui ensuite l'un des meilleurs scénaristes du 9e art. Cette première intégrale contient les épisodes 37 à 47 pour près de 300 pages et vous permettra de mieux comprendre le tournant pris par les comics durant le second millénaire tout en étant une lecture savoureuse d'un bout à l'autre. Incontournable.