L'histoire :
Alfred est de plus en plus inquiet. Et ce n’est pas seulement parce que Bruce Wayne dort mal. Non, ça a plutôt un lien avec Batman. Gotham est une ville de plus en plus gangrenée par la misère et le crime et le Chevalier Noir ne fait que remuer les ennuis en frappant les malfrats. Le vrai problème reste la pauvreté de cette ville qui la fait basculer dans les ténèbres. Alors, une intervention musclée de temps en temps peut-elle suffire à éradiquer le mal ? Pourquoi Bruce n’utilise pas sa fortune pour rendre Gotham prospère et tuer la misère dans l’œuf ? Le pire dans tout ça, c’est que Batman continue ses missions dangereuses sans réaliser qu’il se trouve au beau milieu d’une poudrière. Et c’est là qu’est le fond du problème : Alfred angoisse de retrouver un jour son protégé dans une tombe, enterré à côté de ses parents qu’il a servis pendant de longues années. Comme d’habitude, Bruce n’écoute pas vraiment les inquiétudes de son majordome. Il a l’esprit bien trop occupé, comme toujours, par une sombre affaire. Cette fois, c’est un meurtre inexpliqué dans un appartement crasseux : aucune trace de quoique ce soit. Seulement des coupures de presse datant de plusieurs années qui ornent les murs. Toutes parlent de la même chose : Batman !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le grand Warren Ellis créé la surprise en reformant le célèbre duo de The Autority avec Bryan Hitch sur une aventure inédite de... Batman ! On imagine bien que le scénariste prolifique s’essaie à un projet ambitieux avec des éléments étranges ou surnaturels : pourtant, là où il surprend encore une fois, c’est au contraire par la simplicité et la sobriété de son récit. En apparence éclatée au départ comme une série d’épisodes indépendants façon Planetary, l’histoire devient rapidement une superbe confrontation avec un super vilain inédit : Scorn ! Warren Ellis respecte intégralement les classiques de Batman avec tous les ingrédients indispensables à un bon récit du Chevalier Noir comme les enquêtes policières, les interventions musclées ou les courses poursuites. La force de ce nouveau Batman n’est donc pas à trouver dans l’originalité de la conception mais dans des détails qui prouvent encore une fois les talents d’écriture du bouillonnant scénariste. Ainsi, le récit est d’une limpidité remarquable et constitue un véritable bonheur à la lecture. Ellis rajoute également quelques inventions modernes particulièrement intéressantes avec de nouveaux gadgets étonnants. On savoure les dialogues d’une intelligence et d’un réalisme incroyables, que ce soit avec les piques incessantes que s’envoient Alfred et Bruce ou la nouvelle méthode de déduction de Batman devant une scène de crime. Seule la fin pourra un peu décevoir par rapport à la qualité d’ensemble. On était tout aussi curieux de voir comment Bryan Hitch allait pouvoir mettre sa patte graphique. Le réalisme et l’élégance du dessin cadrent parfaitement au ton du comics avec un rendu froid et envoûtant. L’artiste britannique se fait également plaisir avec de nombreuses cases musclées où Batman saute dans tous les sens, le pied prêt à casser les mâchoires ! Qui a dit que Batman était mort ?