L'histoire :
Dans le précèdent tome, on en apprenait plus sur le patron du Département de la Vérité, Lee Harvey Oswald et la façon dont celui-ci avait créé, avec la complicité du président Nixon, le roman national de l’Amérique entre la conquête spatiale et les apparitions d’Ovnis entre autres. La société secrète Black Hat, avec à sa tête Barker, a tenté de recruter sans succès Cole Turner en lui révélant qu’il n’est pas forcément du côté du bien. Perdu dans ses certitudes, Cole en vient à assassiner sur commande des journalistes du Post, ayant découvert la vérité sur ce complot d’Etat. Black Hat en profite alors pour tout révéler au mari de Cole, également collègue de deux victimes. Quant à Lee, il doit affronter la vengeance larvée de son ancien rival du Ministère du mensonge de l’ancienne URSS, Grigori Petrov, retrouvé mort non sans avoir livré tous ses secrets à Black Hat et ainsi mettre en péril la toute puissance américaine. L’heure est venue pour Lee et Cole Turner de faire face à de terribles décisions.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
James Tynion IV se recentre ici sur le destin de son héros Cole Turner après avoir fait des digressions sur Lee Harvey Oswald et les origines du Département dans le tome précédent. Nul mieux que l’évocation de la guerre froide et l’existence passée d’un ministère du mensonge soviétique, pour continuer de relire l’histoire américaine avec cette période historique faite de contre-vérités, de manipulations médiatiques qui aboutiront aux récits biaisés des futurs conflits des années 90, 2000 à venir (guerre du Golf, guerre en Irak etc.) et à l’émergence de figures controversées comme Donald Trump. Avec le Département enfermé dans ses mensonges d’États échappant à ses créateurs pour devenir de véritables menaces via le groupuscule Black Hat, Tynion pousse jusqu’à l’absurde cette course au storytelling national. Il questionne la responsabilité des agences gouvernementales comme la CIA qui ont beaucoup fait pour ce climat de complot qui gangrène notre société moderne, provocant chez le lecteur un vrai sentiment d’angoisse tant cela raisonne avec le fantasme du deep state, admis par un grand nombre d’Américains aujourd’hui. Dans ce tome, Cole Turner, l’arrière train entre deux chaises, navigue à vue et doit gérer un dilemme privé, alors que son mari découvre la vérité sur ses agissements au sein du Département de la Vérité. Après avoir cédé sa place à d’autres dessinateurs, Martin Simmonds revient également aux manettes pour notre plus grand plaisir car dans ce tome, on est de nouveau plongé dans une paranoïa horrifique grâce à des planches à la croisée de tableaux de Jérôme Bosch et Gustave Klimt, provocant à la lecture un malaise proche du vertige. Même si l’on a envie de connaitre la résolution de ces intrigues, il ne serait pas surprenant que Department of Truth continue d’explorer l’histoire récente des U.S., tant il y a de matière. Quoi qu’il en soit ce tome 4 continue de nous enthousiasmer et cette série s’inscrit définitivement comme une des plus grandes séries du moment.
