L'histoire :
Encore une victime. Cette fois, c’est à un endroit très insolite : North Penton. Dehors, c’est l’apocalypse avec un camion de produits chimiques renversé. A l’intérieur, c’est le même enfer avec du sang partout, une main à six doigts au mur et des mystérieux symboles qui envahissent l'espace. Cette fois, c’en est trop. Ari Nassar décide d’aller lui rendre visite! Même si son collègue essaie de l’en dissuader, il sait qu’il n’a pas vraiment le choix. Odell Watts, le salopard qu’il a réussi à faire coffrer après une enquête éprouvante et éreintante. Douze meurtres et cette fameuse main dessinée sur les murs. Il lui fait face, comme piégé dans cette cage sinistre. Odell commence à se moquer de lui, comme il a toujours su le faire. Mais l’inspecteur ne se laisse pas désarçonner. Il aborde les meurtres qui ont repris. Ça pourrait très bien être un autre tordu de plus… c’est pas ce qui manque ici. Mais un détail le chiffonne et explique sa présence ici. Personne ne savait pour les symboles étranges sur les lieux de chaque meurtre. Ils ont eux aussi réapparu en même temps que tout le reste. Odell refuse de parler. Il explique vaguement qu’il faut se libérer de tout carcan et lâcher prise pour obtenir la vérité. Avant de partir, il se retourne et lui donne un dernier conseil : il faut être attentif aux moindres détails. D’autres prisonniers l’attendent à la sortie. Une lame semble briller, venant de leur main…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On avance de plus en plus dans l’intrigue poisseuse de The one hand and six fingers. Le concept reste toujours le même : un récit divisé en deux parties; d’un côté, le point de vue sombre du détective et de l’autre, le point de vue tourmenté du tueur. Cette fois-ci, c’est presque la deuxième partie qui prend le dessus, tout en ayant un parallélisme fort entre les deux saynètes, et les révélations sont de plus en plus nombreuses. On plonge encore plus en avant dans les ténèbres puisque Nassar est obligé de se rapprocher de l’ancien tueur en série qui utilisait le même modus operandi tandis que c’est carrément un meurtre auquel on assiste dans le deuxième volet. L’ancien tueur, façon Hannibal Lecter dans Le silence des agneaux, l’avait bien dit à l’inspecteur : « il faut lâcher prise » pour comprendre cette étonnante affaire policière. Il aurait aussi pu le dire aux lecteurs car c’est une véritable chute dans les abysses du mal et de la folie que l’on lit. Le graphisme se fait de plus en plus oppressant et la bascule entre la raison et la folie, le réel et l’irréel, le quotidien et l’apocalypse opère de façon lente et implacable. Le découpage des planches décloisonne l’esprit à la façon du travail d’Andrea Sorrentino et on est pris à la gorge par ce récit haletant. Attention à ne pas en perdre la tête !