L'histoire :
Tout en haut du toit d'un immeuble, un type prend quelques photos cherchant à découvrir l'identité de la personne cachée sous le masque d'une blonde sexy et plantureuse. Alors qu'il a pris le cliché qu'il souhaitait, il est repéré par deux journalistes qui se mettent à le poursuivre, ceux-ci étant les représentants de l'ordre de cette époque. Parvenant à leur échapper, notamment grâce à une tenue de camouflage, le type n'est pas un paparazzi mais un détective privé engagé pour avoir une photo de l'ancienne petite amie d'un homme. De retour à son bureau après avoir donner son cliché à son client, le privé reçoit la visite d'une cliente. Elle sollicite l'aide de Patrick Immelman, lui dit qu'il a déjà travaillé dernièrement pour sa sœur et souhaiterait qu'il mène une enquête sur sa propre personne. L'homme ne comprend pas où elle veut en venir mais celle-ci lui dit qu'elle postule à un poste où la moindre information négative serait mal perçue. Avec une avance financière convaincante, le dénommé Patrick retourne chez lui voir son grand-père. Ce dernier lui demande encore à utiliser son smartphone, cette invention qui permettait de naviguer sur le net avant que ce dernier n'explose et que toutes les informations qu'il contenait soient divulguées au monde entier. Désormais, les masques sont de rigueur pour mieux se protéger. Le lendemain, alors qu'il se rend chez sa cliente, Patrick apprend qu'elle est morte, assassinée...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L'inspiration qu'a toujours eu Brian K. Vaughan est passée durant quelques années des comics au monde des séries télévisées. Après avoir livré des titres cultes comme Y, le dernier homme ou Ex Machina, l'auteur s'était offert une récréation en collaborant sur des productions comme Lost ou Under the Dome. Il fit son grand retour par le biais de Saga série au succès populaire et critique. L'envie d'écrire revenue, le scénariste a eu envie de tester plusieurs façons de raconter ses histoires. The Private Eye a d'abord été publié sur internet, chapitre par chapitre, et fut proposé entièrement gratuitement, les lecteurs donnant la somme qu'ils voulaient pour rétribuer la qualité et le plaisir qu'ils ont pu tirer du récit. Audacieuse, cette initiative a demandé aux auteurs de penser la narration via un écran. Pour sa version papier, c'est donc dans un format à l'italienne que se présente The Private Eye. L'histoire se déroule dans un futur qui a vu 'internet et le Cloud exploser, livrant les plus terribles secrets de chacun sur la sphère publique. Dès lors, porter un masque est devenu chose commune pour les gens. La police n'existe plus, elle est remplacée par la presse. Ceci n'est qu'une infime partie des idées qui fusent tout au long de cet album. Brian K. Vaughan a parfaitement su conceptualiser ce monde et va s'en servir pour nous raconter un polar assez classique mais comme toujours chez l'auteur, diablement efficace. Le héros est mystérieux et son investigation va lui en faire voir de toutes les couleurs. Le voyage est très agréable, même si la conclusion manque d'un peu de surprise pour faire de The Private Eye une référence absolue du genre. Visuellement, Marcos Martin nous sert un trait typique de ce qu'il nous propose depuis des années. Son coup de crayon est d'une grande finesse et très épuré. Son découpage est bon et les couleurs de Muntsa Vicente assez flashy. Parfois déstabilisant quant à l'ambiance imposée par le scénario, la recette fonctionne néanmoins. Loin d'être parfait, The Private Eye n'en est pas moins une très bonne lecture.