L'histoire :
« Nul n’occit plus de monstres que le héros à blanche crinière
Par centaines ils tombent sous sa lame mortifère
N’ayez crainte, belle dame, pour sa sécurité !
Il échappera à cette bête avec facilité
Car voici Geralt de Riv, pourfendeur de monstres sans égal! »
Tels sont les mots chantés par Jaskier pendant que Geralt se bat comme un lion contre des spectres. Ce dernier peste contre la paresse du barde qui ne fait que se cacher et ne l’aide en aucune façon. Mais le guerrier n’a finalement besoin de personne. Il brûle un spectre en utilisant son pouvoir de feu et pourfend le dernier de son épée. C’est le moment que choisit Jaskier pour descendre de son perchoir. Ils peuvent aller réclamer leur dû pour avoir débarrassé la terre de ces fantômes dangereux. Malheureusement, la femme qui les reçoit explique qu’ils ne pourront rien payer au Sorceleur. Ils sont bien trop pauvres pour cela et puis, ils ont pu faire avec la présence de ces non morts et ils ont changé d’endroit pour les éviter. Elle les invite à aller quémander une autre mission auprès de Grimmwald. Il paraît qu’un loup garou sévit dans la région et beaucoup sont assez fortunés pour donner une belle récompense à qui osera affronter cette créature…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
The Witcher connaît de plus en plus de succès, notamment avec la deuxième saison sur Netflix. Urban en profite pour publier coup sur coup trois titres (dont deux intégrales) qui mettent en scène le fameux Sorceleur. Ici, le récit raconte une enquête un peu particulière de Geralt où des habitants se déchirent pour des lopins de terre et tremblent face à l’apparition d’un loup garou. La narration de Bartosz Sztybor est particulièrement maîtrisée avec un rythme impeccable : que ce soit avec les pauses humoristiques et bienvenues du barde Jaskier ou avec les interrogatoires tendus de Geralt, le suspense est intense. On assiste à une véritable intrigue policière façon Agatha Christie où tous les indices sont exposés au lecteur mais où la vérité est celle qu’on ne soupçonne jamais. Il est à noter que la révélation finale, façon Hercule Poirot, se passe beaucoup plus mal que d’habitude dans ce genre de récit. Autre pastiche délicieux : Sztybor emprunte à l’imaginaire des contes avec de nombreux clins d’œil à commencer par l’ancien propriétaire de la ville qui s’appelait Grimm. Un récit maîtrisé et de qualité avec des personnages bien travaillés même si on déplore de nombreux gros mots qui tranchent nettement avec l’intelligence de la structure. Miki Montllo propose un graphisme plutôt étonnant. Son style fin et élégant ne correspond pas à la dureté du Dark fantasy de l’univers mais on finit rapidement par s’y habituer. Ses personnages sont plein de vie et charismatiques, à commencer par le héros de l’intrigue à la beauté sauvage. Le héros à blanche crinière ajoute une nouvelle pierre à sa brillante carrière.
