L'histoire :
1980 : Dave Gibbons se rend à une énième convention en Angleterre au Royal Horticultural Hall de Londres organisée par Marvel Comics. A l’époque, le dessinateur commençait déjà à être connu. Il y retrouve un de ses amis : Steve Moore avec qui il avait travaillé sur la série Doctor Who. Alors qu’ils discutent, Steve lui présente un autre auteur : cet homme était habillé dans un costume trois pièces mais c’est la longueur de ses cheveux et de sa barbe qui était très imposante. Steve dit qu’il s’appelle Alan Moore, qu’ils sont amis mais qu’il n’y a aucun lien de parenté avec lui. Dave et Alan s’échangent quelques politesses et la rencontre s’arrête là. Pour l’instant cependant. Car très vite Dave Gibbons est tombé sur des histoires scénarisées par Alan Moore et malgré la profusion des textes, il a aussitôt été séduit par son style. Il faut dire qu’à l’époque, il y avait une hype des récits britanniques qui envahissaient le marché américain. Dave parvient ensuite à entrer chez DC Comics et illustre pendant un an des histoires de Green Lantern, un de ses personnages préférés. Toujours en contact avec Alan Moore, Dave Gibbons savait que l’écrivain anglais voulait lui aussi tenter l’aventure chez DC Comics. Il l’a donc aidé en proposant son nom à Len Wein qui cherchait à faire revivre le personnage de Swamp Thing. En 1984, Dave doit aller à la convention de Chicago. Il y rencontre les responsables de DC pour leur exposer un projet qu’il veut réaliser avec Alan Moore. A sa grande surprise, ils acceptent rapidement et sans aucune réflexion...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Watchmen... L’une des œuvres les plus marquantes de l’univers des comics. Cet immense roman graphique, comme on se plaisait à l’appeler à l’époque, connaît encore un incroyable succès aujourd’hui, plus de trente ans après sa parution. En 2008, le dessinateur Dave Gibbons dessine ce phénomène éditorial, de sa création à sa conception. Urban édite pour la première fois ce témoignage dans une édition qui va faire saliver tous les fans (qui ont déjà sûrement leur bibliothèque remplie d’exemplaires différents de la série) : gros volume cartonné, superbe couverture... À l’intérieur, c’est un bonheur pour les yeux. On y trouve de nombreux croquis, des esquisses préparatoires de personnages, de nombreux crayonnés des planches de la série, des couvertures et même des textes d’Alan Moore tapés à la machine sur des feuilles froissées ! Gibbons raconte avec précision toutes les étapes de la création : le script, le nombre de cases par planche, les couvertures, la conception des personnages et de leurs costumes, la mise en couleurs avec le témoignage fort de John Higgins, sans oublier des étranges coïncidences qu’ont rencontré les auteurs. Alors oui c’est passionnant pour les fans (nombreux) de la série, oui c’est magnifique et c’est un bel objet mais que serait Watchmen sans Alan Moore? L’absence du génie britannique se fait cruellement sentir, un peu comme la disparition soudaine de Manhattan en plein milieu de l’histoire. Même si le regard de Gibbons est intéressant, celui de Moore aurait forcément été exceptionnel. D’autant que le descriptif de cette aventure qui a tout de même duré deux ans est très complet... sauf sur les sujets qui fâchent (Gibbons explique d’ailleurs ce choix de passer sous silence certains épisodes). On pourrait prendre cela pour de l’auto promotion ou pour un brin de suffisance mais un témoignage d’une œuvre aussi unique est toujours bon à prendre. Et visuellement, c’est une splendeur, à l’image du talent phénoménal de Gibbons. Un beau cadeau de Noël pour les inconditionnels de Watchmen !
