L'histoire :
En 1959, les Etats-Unis livrent une guerre sans merci au VietNam. Mais alors que la situation indique que les forces armées vont s'enliser, le conflit prend une autre tournure à l'apparition du Dr Manhattan, un scientifique qui, depuis une malheureuse expérience, est doté de pouvoirs dignes d'un Dieu. Depuis ce jour, le monde a changé. En 1985, Richard Nixon est réélu au poste de Président pour la cinquième fois, le scandale du Watergate a été étouffé. Alors que durant de nombreuses années, des super-héros aident à faire régner l'ordre et la justice dans ce monde, nombreux sont ceux à avoir abandonné le masque et le costume par lassitude ou par obligation légale. Pourtant, il se passe quelque chose de curieux : l'un des anciens membres des Vigilants, le bien nommé Comédien, est assassiné dans de mystérieuses conditions. Rorschach, l'un de ses anciens partenaires, mène l'enquête et arrive rapidement à la conclusion que quelqu'un souhaite éliminer tous les anciens héros costumés. Qui sera le prochain ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La réputation de Watchmen n'est plus à faire. Récompensé en 1989 à Angoulême pour le meilleur album étranger, il fut même nommé parmi les 100 plus grands romans par le très sérieux journal américain Times. Composée de douze chapitres, cette maxi-série est l'œuvre conjointe de Dave Gibbons et d'Alan Moore. Après avoir écrit de nombreux scénarii sur les super héros, ce dernier avait, à l’époque, décidé de créer une série repoussant le concept du genre dans ses ultimes retranchements. Le polar est ainsi mélangé au genre jusqu’alors retreint dans lequel évoluaient les héros costumés. Watchmen est une histoire antinomique, à la fois simple et complexe, réaliste et fantastique. Elle fourmille de pistes narratives et se complaît à perdre le lecteur pour mieux le surprendre. Ainsi, les différents super héros sont assez spéciaux et s'éloignent du portrait idyllique auquel nous sommes habitués. Rorschach est paranoïaque, Dr Manhattan devient de plus en plus insensible à l'Humanité, le Comédien est très nationaliste… Avec un tel casting, l’histoire mêle passé et présent (celui d'un 1985 uchronique), se permettant même d'introduire des protagonistes sans véritable rapport avec l'intrigue, comme le lecteur d'un comics (de pirates) ou incorporant divers documents entre les chapitres. Pour illustrer l'ensemble, Dave Gibbons a étoffé son style en accroissant le nombre des détails, notamment au niveau des décors qui sont dotés de nombreux graffitis. Après le film (de Zack Snyder), Urban Comics s'auto-inaugure donc de belle manière, en rééditant l'intégrale de la série (un joli pavé) et en proposant la traduction de Jean-Patrick Manchette qui lui avait valu les honneurs lors de sa sortie française.. Ne ratez pas le coche : Watchmen dépasse largement le carcan des super héros dans lequel on l'enferme injustement depuis une vingtaine d'année. Cette œuvre a une place bien établie dans le panthéon du 9e art. Indispensable !
