L'histoire :
Scarper Lee vit dans un drôle de monde. Quand il pleut, il tombe des couteaux de cuisine. Les humains et donc Scarper et ses amis, ont tous leur date de décès inscrite dans un registre consultable par la population. Mais cela ne s'arrête pas là : les enfants ont pour parents des objets qu'ils doivent entretenir tandis que le monde semble régi par des divinités domestiques, d'étranges objets, là aussi, dotés de pouvoirs étranges. Scarper sait qu'il lui reste trois semaines à vivre, d'après le registre. Et il est bien décidé à passer le temps qu'il lui reste à vivre de la manière la plus morne possible. Cela ne vas pas pouvoir être le cas car débarque alors dans sa classe une étrange jeune fille nommée Véra Pike. Véra est un véritable tourbillon de noirceur et d'anarchie et, pour le plus grand malheur de Scarper, elle semble lui montrer un intérêt tout particulier. Alors que Véra vient à obséder le jeune homme et qu'elle le poursuit partout, le père de Scarper, une gigantesque machine que lui et sa mère entreposaient dans un cabanon, disparaît. Avant de périr à la date prévue, Scarper, accompagné de Véra et de Castro, un autre de leurs camarades, décident de partir à la recherche de son père...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Autant vous prévenir tout de suite, si, pour vous immerger dans une œuvre, il vous est nécessaire d'y trouver des points de repère, des ancrages et des sentiers déjà débroussaillés pour vous, alors vous devriez peut-être passer votre chemin. L'Heure des Lames est un titre difficilement abordable pour le lecteur (trop) habitué à des récits centrant l'originalité sur leur récit même. Ici, chaque élément de l'univers délivré par Rob Davis relève de l'imaginaire et du fantastique. Seuls les personnages y évoluant peuvent être blasés (et ils le sont) et tout peut être sujet à interrogation, interprétation, au risque, d'ailleurs, d'aller chercher des symboles et des significations là où il n'en existe pas. Empreint de surréalisme, L'Heure des Lames propose pourtant des repères aux lecteurs : celui de la jeunesse britannique, de sa culture, la rébellion adolescente et les premiers émois. On comprend assez vite l'intention de Davis : nous rapprocher des adolescents et de la manière dont ils voient le monde : à la fois déroutant, inquiétant et fascinant. L'histoire même s'avère difficile à saisir, du fait du caractère sans cesse déroutant de son décor, au point que le récit est sans doute plus approchable dès lors qu'on l'aborde comme une poésie visant surtout à susciter l'émotion, plus qu'une réflexion pragmatique. Le dessin de Rob Davis, tout en nuances de gris, est parfait. Dynamique et sinistre tout en préservant la fraîcheur des visages de ses jeunes protagonistes. L'auteur ayant déjà dévoilé, au détour de certains entretiens, que L'Heure des Lames était envisagé comme la première partie d'une trilogie, on ne peut qu'espérer voir bientôt se profiler deux autres tomes prenant place dans cet univers sombre mais ô combien surréaliste. Un ouvrage que l'on vous recommande donc chaudement mais dont les choix artistiques et la complexité de son univers pourraient cependant en rebuter plus d'un.