L'histoire :
Dans un manoir cossu, Véra est déchirée entre ses deux parents. D'un côté, son père, un ouvre-boîtes sympathique mais renfermé auquel Véra est profondément attachée et de l'autre, sa mère, la météorloge régissant le climat de toute la ville et qui entretient une relation des plus dysfonctionnelle avec sa fille qu'elle semble à la fois haïr et craindre tout en essayant de maintenir les apparences. En réalité, la mère de Véra aimerait savoir la vérité quant à ses propres origines dans ce monde où les enfants, humains, créent leurs propres parents, des objets. La météorloge emmène donc sa fille dans une clinique spécialisée où elle peut observer les souvenirs enfouis au plus profond de la mémoire de Véra et ce qu'elle y découvre ne lui plaît pas du tout: Véra a semble-t-il créé sa mère en se basant sur une girouette à l'effigie de la météorloge initiale. Comprenant qu'elle est la copie d'une copie, la météorloge va sombrer dans un premier temps dans un état semi-dépressif avant de reprendre ses mauvaises habitudes et de persécuter sa fille. Sa dernière idée ? Envoyer sa fille à la pension de St Sylvia, à l'école de la Morosité et du Suicide, un lieu où les étudiants baignent dans l'idée de leur décès programmé mais où Véra va faire la connaissance de deux étudiants bien particuliers: Cas' et Scarper Lee...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec L'Heure des Lames, Rob Davis nous avait entraînés dans un monde dingue, poétique et assez furieux avec ses enfants entretenant des parents-objets (qu'ils ont eux-mêmes fabriqués) et surtout son trio de jeunes rebelles formés de Véra Pike, une jeune fille arrogante et sûre d'elle, Cas', un surdoué a priori capable de résoudre les énigmes de cet univers étrange et Scarper Lee, un jeune homme désabusé et pour lequel Véra éprouve une fascination étrange. Dans La Fille de L'ouvre-Boîte, Davis nous présente ce qui est arrivé à Véra avant les événements que l'on a découverts dans L'Heure des Lames et les raisons de son obsession pour Scarper. Mais il ne s'agit pas d'une simple préquelle puisque dès la moitié de l'album, nous reprenons le fil de l'histoire directement à la suite de L'Heure des Lames et on découvre ce qu'il va advenir de nos héros. Difficile de dévoiler beaucoup plus sur l'intrigue tant celle-ci est complexe et l'univers de Davis fourbissant de détails et implications politiques et sentimentales, mais sachez que les fans du premier tome seront encore une fois fascinés et emportés par la maestria avec laquelle l'auteur dépeint son univers. Aussi fou et incongru que celui-ci puisse être, c'est en se laissant porter par le récit des personnages que l'on parvient peu à peu à assimiler les lois et fonctionnements de cette sorte de Royaume-Uni Bizarro où il ne semble n'exister aucune finalité à la vie autre que la mort. On commence même à anticiper avec délectation un prochain tome tant on se rend compte que la lecture du second enrichit celle de son prédécesseur. Les dessins de Davis sont toujours aussi bons, fourmillant de détails et le tout dans un noir et blanc sinistre collant tout à fait à l'ambiance de l'histoire. Tout n'est pas parfait, cela dit, et on regrette de ne pas s'attarder sur certains personnages entrevus et expédiés ad patres en l'espace de quelques pages où de ne jamais s'attarder sur les relations entre les héros. S'il ne s'agit en aucun cas d'une porte d'entrée à l'univers établi par Rob Davis, La Fille de l'Ouvre-Boite est par contre une suite que l'on recommandera à celles et ceux qui auront apprécié le premier volume.