L'histoire :
Depuis que la Chine a envahi l’Amérique, le pays n’est plus le même. Forces armés présentes à tous les coins de rue, ambiance de guerre civile, contrôles de papiers intempestifs. Comme tous les matins, Blanche, une jeune femme, se rend à l’abattoir de volailles où elle travaille. Depuis un certain temps, elle fait des cauchemars particulièrement effrayants où elle voit un énorme canon sortir de son ventre. Le rythme de travail est intense et Blanche semble par moment perdre peu à peu l’esprit, voyant ses collègues ressembler à des poulets et la volaille justement devenir des fœtus. Tout d’un coup, elle se voit au milieu d’une mare énorme avant qu’un œil géant s’approche d’elle. Blanche perd alors conscience mais Don, son patron, la conduit dans son bureau. Celui-ci lui fait enlever sa combinaison avant de baisser son pantalon et de la forcer à lui faire une fellation. La jeune femme commence à s’exécuter mais d’horribles visions commencent à lui revenir. Perdant pied, Blanche se saisit alors d’un crayon qu’elle enfonce dans l’œil de Don avant de le frapper, jusqu’à ce qu’un vigile l’assomme…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Blanche est un comics scénarisé et dessiné par Songgu Kwon, un américain d’origine coréenne. Ce premier volet est extrêmement étonnant, de par sa violence et son atmosphère pour le moins inhabituelle. Dans ce monde où le chaos règne à tous les coins de rue, le sentiment de panique est presque palpable à la lecture. Les contrôles militaires sont abusifs, l’abattoir est une véritable usine oppressante, de quoi perdre l’esprit, surtout lorsque des cauchemars réalistes au possible vous assaillent toute la journée. Le scénario que nous propose l’auteur est complètement halluciné, emprunt de folie et de sadomasochisme. On a quelque peu l’impression d’être dans le monde de Dark City (le film d’Alex Proyas), en beaucoup plus glauque. La narration alterne les phases de cauchemars et la réalité de façon abrupte nous laissant quelque peu perdu lors de la lecture, comme si l’on voulait nous dire que ces deux dimensions n’en faisaient qu’une. Au niveau visuel, Songgu Kwon a choisi de retranscrire son univers, en noir et blanc ce qui rend plus fort encore l’impact de ce titre. Le style rappelle celui de Pia Guerra sur Y, le dernier homme (Panini), de par ses traits fins et épurés mais aussi par une certaine rondeur dans ses visages. Pour conclure, ce premier album est une véritable claque, une œuvre atypique voir même underground qui se destine avant tout à un lectorat averti.