L'histoire :
Au sein de l'asile de haute sécurité de Raining Hills, le docteur Susan Parsons se trouve face à face avec un bien curieux patient. En effet, elle a devant elle un être entièrement composé de gaz toxique. Un être doté d'intelligence et avec lequel elle peut communiquer. Et il entreprend de raconter son histoire au bon docteur. Après avoir été injustement condamnée pour un crime qu'il n'avait pas commis, Simon s'est retrouvé en prison en compagnie d'un certain Caleb, adepte des arts occultes. Simon apprend alors certains rituels auprès de Caleb. Malheureusement, après une attaque visant Caleb, Simon tue un prisonnier et se voit condamné à mort. Lors de son exécution, Simon énonce une invocation qui lui permet de survivre. Seul problème, il est devenu un être éthéré, composé des gaz toxiques ayant servi à tuer sa précédente forme corporelle...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Étrange objet que ce Toxique. Véritable nanar couché sur page, le récit nous propose de suivre les aventures d'un héros, Simon, a priori antipathique dans une introduction à l'atmosphère pesante et horrifique mais qui va progressivement devenir plus lumineuse, enjouée. Au début, Simon est une véritable ordure. Sa première action, une fois devenu cet être « toxique » sera d'assassiner son accusatrice en pleine rue – on se saura jamais pourquoi, d'ailleurs, celle-ci l'aura accusé de l'avoir violée – ainsi que d'autres. Son compère, Caleb, est représenté comme une sorte de brute monolithique. Mais au détour de retournements invraisemblables et de confrontations avec un vilain sorti de nulle part (le personnage de l'agent Jack Storm est une aberration), nos deux protagonistes deviennent sympathiques. Le graphisme lui-même est au diapason de l'histoire puisque des planches âpres et sombres de la première partie, on passe à celui ultra-coloré de la suite dans laquelle Simon réussit à reprendre une apparence quasi-humaine (en se concentrant très fort !), genre beau gosse souriant. Deus Ex Machinas à la pelle, quêtes absurdes (la quête d'une gemme magique, sortie du chapeau du scénariste), tout cela accompagné d'une inconsistance graphique plus que déconcertante (les meubles se déplacent dans les pièces, d'une case à l'autre) donnent vite le tournis. Alors, Toxique, véritable navet ? Oui et non. Parce que, et on ne peut pas l'expliquer, ça se lit. C'est n'importe quoi, mais ça s'assume. Un peu comme un épisode des Experts : Miami, tard le soir, une bière à la main. C'est mal fichu, mais on se laisse prendre. La conclusion est tellement brutale et invraisemblable qu'on en rit, mais, arrivé là, c'est de bon cœur. Cette capacité à happer le lecteur n'a pas échappé à l'éditeur français qui a l'intelligence de présenter Toxique comme l'équivalent comics des vieux nanars en VHS qu'on regardait autour d'une pizza. De plus, comme d'autres titres chez Wetta, Toxique est disponible en version électronique sur le site de l'éditeur et ce pour un prix très, très modeste. C'est l'honnêteté et la modestie de cette approche qui, en fin de compte, sauvent le titre. Est-ce un bon comics ? Non. Mais est-ce qu'on peut passer un bon moment en le lisant, quitte à rire de ses défauts ? Sûrement. Et puis c'est pas tous les jours qu'on se prend de sympathie pour des meurtriers satanistes.