interview Bande dessinée

Kerascoët

©Dupuis édition 2011

Lors de l'édition 2010 du festival d'Angoulême, il nous a été possible de rencontrer le mystérieux Kerascoët. Sous ce nom, se cache en fait deux auteurs : Marie Pommepuy et Sébastien Cosset. Depuis plusieurs années ces deux là s'unissent pour réaliser des albums étonnants. En Fabien Vehlmann et Hubert, ils ont trouvé deux scénaristes capable de donner la pleine mesure à leur univers hors norme. Au lendemain de la sortie du marquant Jolies ténèbres, nous avons pu en apprendre un peu plus sur leurs prochains titres et sur leur façon de travailler. Une alchimie étonnante, pour un duo au talent certain…

Réalisée en lien avec l'album Beauté T1
Lieu de l'interview : Festival d'Angoulême 2010

interview menée
par
27 juillet 2011

Bonjour, pouvez me dire ce que c'est qu’est exactement « Kerascoet » ?
Kerascoet : En fait, c'est deux personnes, Marie Pommepuy et Sébastien Cosset. On est arrivé à faire de la BD parce que lorsqu'on était petit, c'était un rêve. Donc comme on savait dessiner et que l'on était très complémentaire, on allait plus vite et on était meilleur. Chacun a sa vision de la bande dessinée, l'un a une vision détachée, l'autre non. On essaie d'avoir un équilibre, entre celui ou celle qui est content d'une planche et l'autre non, on s'équilibre.

© KerascoëtQuelles sont vos influences ?
K : Elles sont assez diverses. Des lectures de notre enfance, on lit beaucoup de choses que font nos amis, actuellement. Cela va donc du Lucky Luke, Astérix, Tintin, Gaston à des choses plus récentes. Les figures marquantes sont nombreuses, elles nous ont toutes fait avancer.

Et vos derniers coups de cœur, c'est quoi ?
K : J'ai adoré le Commissaire Toumi d'Anouk Ricard. Le roi des mouches aussi. On n'en lit pas beaucoup. Nous avons tellement d'amis qui font de la BD… mais je ne vois pas trop l'intérêt de citer leur nom, ils le savent déjà.

Comment se déroule la collaboration ?
K : On travaille ensemble. C'est un joyeux ping-pong entre les tâches à produire. En fait, ça dépend de ce que l'on va développer. Marie fait les recherches de chara-design. On essaie de ne pas travailler de façon systématique et on apporte chacun des choses. On fait un vrai mix de tout.

Vous avez débuté sur Donjon mais c'est sur Miss Pas touche qu'on a véritablement découvert...
K : Nous avons eu beaucoup de chance. Le travail avec Hubert, sur le scénario et les personnages, était vraiment intéressant. Nous avons progressé ensemble. Avant de signer, nous avons eu de nombreux projets refusés. Au fil du temps, c'est de plus en plus difficile de débuter une série. Pour Beauté, notre nouvelle série chez Dupuis, on n'a jamais autant retravaillé nos planches. On a retravaillé le personnage principal sur dix pages. Hubert a refait les couleurs je ne sais pas combien de fois. On a tellement tout remis en question que c'est comme si on recommençait à zéro, mais avec des contraintes en plus. Sur Donjon, nous avons réalisé un exercice de style, dans le sens où nous n'avions pas la main mise sur le scénario. Nous ne nous étions pas investis de la même façon.

Quels sont vos prochains projets ? Un nouveau Miss Pas Touche ?
K : Hubert aimerait bien mais on est parti sur une nouvelle série, Beauté, qui fera trois tomes. On a aussi un nouveau projet avec Fabien Vehlmann, deux titres de 60 pages.

© Kerascoët

D'où est né Jolies ténèbres et cette collaboration avec Fabien Vehlmann justement ?
K : n fait, on le connaissait depuis longtemps. Marie avait des notes pour ce projet, mais ça bloquait dans tous les sens. On a essayé d'en parler autour de nous et Fabien s'est impliqué très vite dans l'histoire. Il y a pas mal d'autobiographie dans ce titre. On dit des choses importantes sur nous dans cet album et le fait d'être à trois a dépassé nos attentes. On a l'impression qu'il y a un discours un peu convenu dans le fantastique, comme quoi on ne parle pas de choses sincères, et nous avons voulu montrer le contraire.

© KerascoëtDu coup, ce premier essaie scénaristique vous a-t-il donné des ailes pour vous lancer à nouveau dans l'écriture ?
K : En ce moment, Marie travaille en tant que scénariste sur un projet Cœur de glace avec Patrick Pion. C'est un univers différent de Jolies ténèbres mais qui reste dans le conte. En fait, nous aimons bien travailler à plusieurs, car cela évite de bloquer sur certaines choses. Avec Hubert, nous avons toujours eu beaucoup de liberté. Si on a des points de vue contraires, on essaie de trouver celui qui convient le mieux. Nous sommes super respectueux les uns des autres. Sur Beauté, on a été supers durs et lorsqu'on lui a renvoyé certaines choses, elles sont revenues le lendemain encore meilleures. Cela a redonné de l'avant au projet et c'est super précieux.

Y a-t-il un univers que vous ne souhaiteriez pas dessiner ?
K : on, tous ! Hormis peut être des hélicoptères ou des gens dans un bureau, ça doit être un peu chiant.

Si vous aviez l'occasion d'avoir une gomme pour corriger un détail ou une partie d'un de vos albums, l'utiliseriez-vous ?
K : Chaque chose que l'on a faite a permis de posé des jalons. On apprend de ses erreurs autant que de ses réussites.

Si vous aviez le pouvoir cosmique de visiter le crâne d'un autre pour en comprendre sa démarche, qui iriez-vous visiter ?
K : Franquin pour plein de choses. Son travail, sa façon de dessiner, sa dépression, tout !

Y a-t-il une question qu'on vous pose le plus ?
K : Qui dessine ? Qui fait quoi ? Chez nous, c'est vrai que c'est intrigant…

Merci les Kerascoet !

© Kerascoët