Pour ceux qui ne connaissent pas, Le Cabaret Vert est un festival très rock qui a lieu tous les ans à Charleville-Mézières. Et chaque année, les organisateurs en profitent pour inviter quelques auteurs de bandes-dessinées. C’est là que nous avons retrouvé Stéphane Perger, dessinateur et coloriste de Sir Arthur Benton et de Sequana., qui s’est prêté très volontairement au jeu des questions/réponses.
interview Bande dessinée
Stéphane Perger
Bonjour Stéphane. Veux-tu nous présenter ton parcours ?
Stéphane Perger : Mon parcours, mon parcours… disons que j’ai toujours fait du dessin. Déjà au lycée, j’étais dans une section Arts appliqués où on faisait du dessin assez intensif à partir de la 2°. Après je voulais continuer à dessiner alors j’ai suivi avec un BTS et j’ai fait du graphisme pendant 2 ans. Ensuite je suis rentré aux Arts décoratifs de Strasbourg et là j’ai fait de l’illustration. J’ai toujours dessiné…
Comment es-tu arrivé dans la BD ? On sait que percer dans ce milieu n’est pas toujours chose aisée !
Stéphane Perger : C’est vrai, mais quand on a l’envie, on y arrive (rires !!!). Non, en fait quand je suis sorti de mon école à Strasbourg, j’ai envoyé des dossiers à droite à gauche et Six Pieds sous terre m’a appelé pour faire un Poulpe pour eux. Moi, j’adorais ça, donc j’ai rappelé tout de suite. Du coup, j’ai fait ça en 1999-2000 et puis après, j’avais besoin d’argent donc j’ai travaillé en tant que graphiste dans une agence. Jusqu’à ce que Tarek m’appelle pour me proposer Benton.
Comment Tarek a-t’il eu vent de ton travail ?
Stéphane Perger : Il avait déjà vu le Poulpe mais c’est surtout qu’il habitait dans le même coin qu’un pote à moi qui s’appelle Laurent Astier, qui est auteur de BD aussi. Je pense que Tarek lui a proposé le projet et qu’il a refusé et qu’il a du lui dire « Par contre je connais quelqu’un ! » Du coup, il lui filé mes coordonnées. Il m’a appelé et j’ai dit oui. On a signé chez Proust. Je suis donc devenu auteur de BD à part entière : je n’avais plus le temps de faire autre chose.
D’autant plus que tu fais les dessins ET la couleur. Comment travailles-tu ? C’est de la couleur directe ?
Stéphane Perger : Disons que c’est de la couleur/dessin. C’est de la couleur directe et tout est sur la même feuille. Je travaille mon crayonné avant, et après je le reproduis sur un papier plus épais, à la table lumineuse. Et sur ce crayonné final je fais ma couleur. Tout est retravaillé après, sur mon crayonné final, il n’y a pas d’ombres, il y a juste mon trait. Tout est à placer avec les encres.
Une question à propos de Benton : pourquoi n’as-tu pas fait la suite ? On t’a écarté ?
Stéphane Perger : Ils auraient bien aimé que je fasse la suite, mais c’est moi qui n’ai pas voulu. J’avais dit oui pour un cycle en 3 tomes. La guerre froide aurait pu m’intéresser : c’est une période hautement plus complexe que la seconde guerre mondiale. Ça valait le coup d’être traité, sauf qu’on ne me l’avait pas dit. Tarek m’avait laissé sous-entendre une suite, mais rien d’officiel. Moi, j’étais déjà parti sur autre chose pendant ce temps, je préparais déjà le projet de Sequana avec Leo (Henry). Quand il me l’a proposé, il m’a dit « On va le faire et c’est maintenant ». J’aurais pu le faire après, mais Proust voulait le faire rapidement pour surfer sur le succès du premier triptyque.
Sans vouloir te cirer les pompes, le premier cycle a fonctionné grâce au graphisme. Est-ce que la sauce prendra avec un autre dessinateur ?
Stéphane Perger : En même temps, le dessin de Vincent (Pompetti) est traité assez différemment, mais je trouve que ça colle assez bien à sa couleur directe. Il est plutôt bon. J’aime ce qu’il fait.
Tu connais le travail de Vincent Pompetti ; est-ce que tu lis beaucoup de Bandes dessinées ? As-tu le temps ?
Stéphane Perger : Oh oui, j’en lis plein. En fait j’aime plein de trucs. Le dessin est très important pour moi. Si le graphisme me plait pas, j’aurais tendance à ne pas lire une BD, même si le scénar’ est d’enfer. Malheureusement, je ne peux pas tout acheter ; j’emprunte à la bibliothèque. En fait, j’achète peu de BD cartonnée ; je suis plutôt fan d’indépendants ou de « choses » américaines.
DC ou Marvel ?
Stéphane Perger : Je suis né avec Strange et Titans, mes livres de jeunesse. Plus tard, on m’a fait connaître la BD européenne. A part les super-héros en collants, je ne connaissais que dalle. Je pensais que c’était assez inexistant : pour moi, il y avait que les Schtroumpfs et Dupuis…
Donc t’es plutôt Marvel !
Stéphane Perger : Les personnages de DC sont trop énormes et monolithiques. Chez Marvel, les héros sont des monstres avec des pouvoirs qui vont leur compliquer la vie. C’était bien synthétisé dans Marvels d’Alex Ross, avec la vision du journaliste. Alors que j’ai moins aimé Kingdom Come : pour le coup, les deux travaux de Ross symbolisent parfaitement les deux maisons. Marvel, c’est un peu crade : les persos sont rejetés, les mutants font peur. D’ailleurs, je sais de source sûre que le vrai Captain America va revenir dans les prochains mois. Un ami à moi travaille sur les couvertures.
Et on ne t’a jamais approché pour dessiner un comics ?
Stéphane Perger : Personne ne m’a jamais approché. J’essaierai peut-être un jour, mais faudra que j’y aille moi-même.
Dernier question : si le Silver-Surfer te donnait le pouvoir de visiter le crâne d’un auteur de BD, qui choisirais-tu ?
Stéphane Perger : Ouah, j’en sais rien. C’est délicat, je n’ai pas envie de me mettre à la place des gens. Je veux juste être moi, je ne veux pas être à la place de quelqu’un d’autre (rires !!!). Je ne réponds pas à cette question… Les dessins, ça fait partie de la personnalité, tout est lié. En fait, il faudrait être quelqu’un d’autre. Après, il y a des vies qu’on peut envier comme ça, mais moi, j’ai déjà envie de savoir où va me mener la mienne.
Merci Stéphane !