Blaz est un vampire, l’une des créatures les plus puissantes du monde des démons dont il dirige un territoire. Son but dans la vie ? Rester peinard dans sa chambre à mater des animes, lire des mangas et jouer à des jeux vidéo, le tout importé du monde des humains pour lequel il se passionne ! Un jour, la jeune Fuyumi déboule par hasard chez les démons et Staz est tout excité à l’idée de rencontrer une humaine pour la première fois. Seulement, cela réveille son instinct de suceur de sang ! Pas de bol, avant même que le garçon n’ait eu le temps de choisir ce qu’il ferait d’elle, Fuyumi se fait tuer et se transforme en fantôme. Dès lors, Staz va tout faire pour la faire ressusciter, mais entre les autres boss de territoire qui lui cherchent des noizes, des subordonnés pas toujours au taquet, une magicienne manipulatrice et plein d’autres tous aussi tarés les uns que les autres, ce n’est pas gagné d’avance... Tel est le synopsis de Blood Lad, l’un des shônen les plus barrés du moment. Mais que peut bien avoir dans la tête l’auteur ayant imaginé tout ça ? C’est ce que nous sommes allés lui demander lors de sa venue au Salon du livre de Paris...
interview Manga
Yûki Kodama
Réalisée en lien avec les albums Blood lad T1, Blood lad T4, Blood lad T3, Blood lad T2
Pouvez-vous vous présentez brièvement et nous dire comment vous êtes devenus mangaka ?
Yûki Kodama : Bonjour, je suis Kodama et je suis mangaka. Voilà, c’est ma présentation ! (rires) A la base, je voulais réaliser des films en 3D, alors je suis rentré dans une école d’infographie, mais je me suis rendu compte que ce n’était pas ce qui me convenait. Par contre, pour la fin d’études, on est obligé de présenter un projet, et comme c’était moi le réalisateur, j’ai dû faire un story-board. C’est en le dessinant que je me suis dit que j’aimerais bien faire un boulot comme ça. J’en suis venu à la conclusion que si je voulais dessiner mes propres histoires, il fallait que je devienne dessinateur de mangas.
Yûki Kodama : Bien sûr, j’ai été influencé par Dragon ball et Akira, mais comme je voulais devenir réalisateur de film d’animation 3D, forcément j’ai aussi été influencé par des films que j’ai beaucoup regardé, comme Toy story par exemple.
On vous a découvert en France avec Blood lad. Comment décririez-vous ce titre à quelqu’un qui ne le connaît pas ?
Yûki Kodama : C’est l’histoire d’un vampire qui ne suce pas de sang et d’un loup-garou qui ne peut pas se transformer en loup, je dirais...
En général, les œuvres parlant de vampires sont soit romantiques, soit très sanguinaires, alors que le personnage principal de Blood lad, Staz, est un otaku : comment est née cette idée ?
Yûki Kodama : Je me suis inspiré des étrangers qui sont fans d’animation japonaise et de mangas. Quand on voit des étrangers comme ça, cela fait plaisir aux japonais, et c’est en pensant à ces fans que j’ai créé Staz. Je me suis dit, « voilà un héros qui plaira aux lecteurs ! ». Je ne saurais pas trop dire d’où est venue l’idée de mélanger le monde des démons et ce côté otaku, cela m’est venu naturellement.
Dans la série, vous intégrez beaucoup de créatures différentes (fantômes, loup-garous…) et les personnages sont tous cinglés : ce n’est pas trop difficile à gérer niveau scénario ?
Yûki Kodama : Ce n’est pas quelque chose qui est difficile, bien au contraire. Quand je réfléchis au scénario, je me dis « s’il y avait des loups-garous et des vampires aujourd’hui, ce serait des jeunes gens qui réagiraient certainement plus ou moins comme des gens d’aujourd’hui ». C’est quelque chose qui n’est pas gravé dans le marbre, je les fais évoluer, mais tout reste logique par rapport à l’époque.
Avez-vous toujours eu les grandes lignes du scénario à l’avance ou bien décidez-vous de l’orientation du scénario chaque semaine, pas à pas ?
Yûki Kodama : J’ai commencé la série sans réfléchir, et j’ai avancé à l’instinct, mais au fur et à mesure je me disais « pourquoi j’ai fait ça ? » ou « pourquoi tel personnage est comme ça ? », « en fait c’est compliqué, je n’aurais peut-être pas dû faire comme ça. »... C’est donc maintenant que je paye un peu mon insouciance, mais Blood lad est une œuvre qui est née naturellement, sans vraiment me prendre la tête.
Et maintenant, savez-vous où vous allez et comment vous voudrez conclure la série ou continuez-vous de la même manière ?
Yûki Kodama : Aujourd’hui, oui, je sais comment je veux finir la série et je suis en train d’orienter l’histoire pour cela. Maintenant, c’est parfaitement maîtrisé. Je pense terminer en 15 ou 16 tomes.
Il y a également un spin-off, Bloody brat, réalisé par Kanata Yoshino. Parlez-nous de cette collaboration…
Yûki Kodama : Je ne m’en occupe pas, Kanata Yoshino dessine vraiment ce qu’il veut, très librement. L’idée de ce spin-off vient de mon responsable éditorial. Un jour il m’a demandé « et si on faisait un spin-off humoristique ? » et je lui ai répondu « très bien, bonne idée, allons-y ! ».
Quand on lit Bloody brat, on s’attendrait plutôt à voir ces petites histoires en bonus dans les volumes de l’histoire principale...
Kato Hirotsugu (responsable editorial) : Etant donné que monsieur Kodama a créé un univers très particulier avec ses codes bien à lui, ça me semblait pas forcément naturel que quelqu’un d’autre fasse une histoire se déroulant directement dans ce monde-là.
Pour ce qui est de l’adaptation en animé, êtes-vous impliqué dans le projet et, si oui, à quel point ?
Yûki Kodama : Ce sont plutôt eux qui sont venus vers moi. A aucun moment je n’ai cherché à leur dire comment faire, ce sont eux qui sont venus me montrer ce qu’ils comptaient faire et me parler du scénario. Ce sont eux qui m’ont consulté plutôt que moi qui leur ai donné des directives.
Si vous aviez le pouvoir de visiter l’esprit d'un autre artiste pour par exemple comprendre son génie ou bien lui piquer des techniques de dessin ou autre, qui choisiriez-vous et pourquoi ?
Yûki Kodama : J’aimerais rentrer dans la tête de Rumiko Takahashi (l’auteur de Ranma ½, Inu-Yasha, Rinne...) parce que je n’arrive pas à comprendre comment elle arrive à inventer des histoires pareilles. J’aimerais voir si c’est quelqu’un qui est champion de l’improvisation, si cela lui vient comme ça, ou si c’est quelque chose auquel elle réfléchit énormément. J’aimerais vraiment voir comment ça se passe dans sa tête pour réussir à créer de telles histoires.
Merci !
Merci à Grégoire Hellot pour la traduction et aux éditions Kurokawa
Merci à Faustine LILLAZ pour certaines questions
Toutes les illustrations de l'article sont © 2010 Yuuki Kodama / KADOKAWA SHOTEN Co., Ltd.