L'histoire :
En 1944, sur l'île d'Okinawa, à Shuri. Le Japon est en guerre mais ici, à la campagne, on n'en ressent pas vraiment les effets. Ainsi, la petite Tomiko a beau avoir perdu sa mère suite à une méningite, la demoiselle vit tranquillement avec son père, ses deux sœurs aînées et son frère. Malheureusement, en avril 1945, la guerre débarque à Okinawa et les abords de la maison de Tomiko sont régulièrement bombardées. Un jour, son père doit partir à Makabe pour trouver des provisions. Hélas, les enfants ne reverront jamais leur père. Pire encore, l'armée américaine commence à frapper au sol. Tomiko et sa fratrie doivent fuir, comme beaucoup d'autres. Il va falloir apprendre à vivre avec la peur, les dangers et la faim : bref, survivre envers et contre tout !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On le sait peu : l'île d'Okinawa fut l'unique conflit terrestre au Japon lors de la Seconde Guerre mondiale et, malgré ses « seulement » deux mois de durée, fut d'une violence terrible. Une petite fille en sortira vivante et sera remarquée avec un drapeau blanc à la main le jour de la fin du conflit : il s'agit de Tomiko Higa, qui a des années plus tard publié un roman racontant son histoire. Saya Miyauchi se livre à l'exercice difficile de l'adaptation en manga de cette histoire vraie. Bien sûr, on suit le périple de la petite Tomiko dont l'innocence et la fragilité rendent son histoire terriblement prenante. On pensera d'ailleurs au Tombeau des lucioles (du studio Ghibli) qui narre lui aussi le périple d'enfants pendant la guerre et dont le ton est tout aussi triste. Mais, à travers son histoire, c'est celle d'un peuple et d'une guerre qui sont contés. Comment les habitants ont tenté de survivre, les horreurs commises par les soldats (japonais et américains), le désespoir qui anime les gens et qui les conduit à des actions terribles... Criant de vérité, poignant et tristement réel, le récit est aussi bouleversant qu'éprouvant et instructif, une claque qui fait pleurer. Graphiquement, les efforts de la mangaka ne sont pas ménagés non plus : un trait réaliste, des personnages ultra expressifs, des décors conséquents, et quelques photos d'époque pour nous rappeler le côté réel. Bref, un témoignage palpitant pour une adaptation réussie !