L'histoire :
Depuis 2007 et l’élection d’un nouveau président, la France a changé. La répression est telle que même le milieu de la musique en a été affecté. Seule la variété est désormais autorisée puisque toutes les autres musiques sont jugées comme incitatrices à la rébellion et toutes traces de celles-ci ont donc été détruites. C’est ainsi qu’en 2020, la jeunesse croît en un monde aseptisé où n’importe qui peut devenir quelqu’un. Anna est lycéenne et, après s’être défoulée en chantant dans un karaoké avec Jessie, une de ses amies, elle découvre une borne musicale de Mondial Musique, seule maison de disque encore existante. Seulement, juste à côté, un jeune garçon taggue sur le mur. Jessie le trouve très beau et décide d’aller le draguer. Elle commence par lui demander quel est son artiste préféré mais, en s’appuyant un peu trop sur le mur, efface son travail. Rentrant alors dans une colère noire, le jeune homme lui rétorque détester la soupe musicale qu’elle adore et décide de se venger en détruisant la borne. Quelques instants suffisent pour que la police arrive mais le jeune garçon ne se laisse pas faire, ce qui étonne Anna…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Faisant partie des titres de lancement du Label 619, Debaser est une nouvelle série au format manga réalisée par une française du nom de Raf. Ce qui frappe d’emblée, ce sont les dessins incroyablement dynamiques : grâce à un découpage original et des effets de déformations, ceux-ci s’avèrent parfaitement en phase avec le récit et semblent bénéficier d’une spontanéité inédite ! Les influences mangas semblent indéniables mais l’ensemble est suffisamment personnel. L’histoire en elle-même est un pamphlet à la liberté, dans un monde où l’insécurité est réglée de façon succincte : le gouvernement préfère pointer du doigt la musique plutôt que de chercher une réelle solution. Le rock est ainsi banni du quotidien et même de l’histoire de la musique au profit d’une variété aseptisée et sous le joug d’une seule maison de disque, Mundial (en lieu et place d'Universal). L’ensemble multiplie les références, extrapole la réalité mais recouvre le tout d’une dose d’humour particulièrement sarcastique et disons-le jouissive. Chaque chapitre est nommé tel le titre d’une chanson, ainsi on retrouve pêle-mêle les Deftones, Korn et bien évidemment les Pixies, un petit plus non négligeable pour rendre l’immersion dans cet univers encore plus grande. En jouant sur ce qu’est l’essence même du rock, à savoir la provocation et cet aspect parfois rentre-dedans, Debaser fait mieux que Beck (chez Delcourt) et son rock de maman. Un premier tome qui déchire non pas les tympans mais les zygomatiques !