L'histoire :
Avec son D de moyenne, Misaki n’est pas ce qu’on pourrait appeler un lycéen modèle et son rêve d’intégrer la prestigieuse fac M n’est pas réaliste. Du coup, son grand frère Takahiro lui a recommandé son ami d’enfance, Usami, pour lui servir de professeur particulier. Usami est en fait un auteur de romans érotiques mettant en scène des hommes gays et est le plus jeune lauréat d’un concours prestigieux. En arrivant chez son nouveau prof particulier, Misaki découvre un de ces romans et en lit quelques pages : le lycéen réalise alors qu’Usami se sert de ses fantasmes pour ses romans, et en y incorporant Takahiro qui plus est. Furieux, Misaki engueule Usami qu’il traite de pervers et lui dit de laisser Takahiro tranquille car n’importe quel autre homme pourrait faire l’affaire. En entendant cela, Usami va alors masturber de force Misaki qui refuse de crier pour ne pas perdre la face. Après cet incident, le jeune homme décide de continuer les leçons avec Usami, pour ne pas décevoir son grand frère...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec la grosse campagne de pub qu’il y a eu autour de la sortie de ce titre, c’est avec curiosité que l’on ouvre ce premier volume de Junjo romantica qui - contrairement aux autres yaoï d’Asuka - n’est pas déjà paru dans le magazine de prépublication Be X Boy. Ici, on découvre un lycéen qui suit des cours particuliers auprès d’un auteur de romans pornos gays qui se trouve être l’ami d’enfance de son grand frère, le romancier en question étant amoureux dudit grand frère. Hélas, la déception pointe rapidement le bout de son nez, et ce pas uniquement parce que le coup de l’élève et de son professeur est une situation ultra-classique. Le véritable problème vient en effet d’une narration très mal gérée : dans le premier chapitre, on passe de la rencontre des deux personnages à six mois plus tard sans que l’on s’en rende compte (il faut qu’un protagoniste le dise pour qu’on le remarque), avant que les deux jeunes gens ne se mettent directement à cohabiter ensemble quelques temps après, toujours au cours de ce même chapitre ! Ces sauts dans le temps ne sont pas vraiment expliqués (sauf la décision de la cohabitation mais qui intervient à la toute fin du volume) et, même si cela doit être fait dans une volonté d’accélérer les choses, cela ne fait que rendre la lecture déstabilisante. Quant aux personnages, ceux-ci ne sont pas attachants : Usami oublie facilement ses sentiments pour Takahiro et viole régulièrement Misaki (oui, masturber de force, c’est du viol), tandis que ce dernier n’est ni traumatisé par la mort de ses parents, ni par ses viols répétés ou par l’abandon de son grand frère. Dans la deuxième moitié du volume, on suit deux autres personnages plus ou moins liés à Usami mais, là encore, on tombe dans du cliché de base et on a du mal à s’attacher aux personnages. On notera au passage un manque de cohérence éditoriale quant au public visé et au contenu explicite : le petit macaron indiquant « déconseillé au moins de 16 ans » sur la couverture est en contradiction avec l’avertissement intérieur mentionnant une interdiction pure et simple aux moins de 18 ans, sans oublier l’hypocrisie du message officiel indiquant que les protagonistes représentés dans les scènes d’ordre sexuel sont âgés d’au moins 18 ans alors qu’il n’en est rien. Graphiquement non plus, on n’est pas emballé car les personnages ont des silhouettes pas très soignées, les changements de scène sont très souvent mal définis et la mise en scène n’est pas toujours bien réalisée. On est donc déçu par ce titre mais peut-être la suite saura-t-elle relever le niveau ? En tous cas, vu le nombre important de volumes à suivre, on ne peut qu’avoir envie d’y croire car rester à ce stade se montrerait fort pénible.