L'histoire :
Jisue Shin est illustratrice, sportive, aime les chiens et les chats, et vit avec le parfait petit ami. Tout semble aller pour le mieux pour cette jeune femme de 26 ans semblable à beaucoup d’autres. Seulement voilà, elle s’aperçoit un jour que son corps est en train de changer de forme. Le ventre arrondi, elle ne parvient plus à enfiler ses vêtements. Elle croit d’abord être enceinte. Après une batterie d’examens, le résultat est sans appel : elle n’attend aucun bébé. Oui mais le mauvais pressentiment de Jisue persiste, quelque chose cloche. Oui mais quoi ? Elle décide alors d’aller dans un hôpital plus grand pour effectuer d’autres examens. Et là, le diagnostic est terrible : atteinte d’un cancer de l’ovaire, Jisue doit se faire opérer le plus vite possible car la tumeur est déjà très grosse… Il faudra courage, abnégation et optimisme pour tenter de vaincre ce qui paraît insurmontable.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jisue Shin raconte dans ce roman graphique autobiographique une étape décisive de sa vie, son rapport au cancer et les conséquences induites : opérations, chimiothérapie, éloignement progressif de certains êtres chers, solitude, perte des cheveux, doutes et pleurs. Et ce qu’il faut de courage et d’abnégation pour le dépasser. Le tout, quand on a que 26 ans et l’avenir devant soi. Le traitement graphique et narratif adopté est judicieusement sobre. Avec méthode, l’auteure décrit les différentes étapes de la maladie et sa pénibilité : diagnostic, lutte quotidienne, journées types à l’hôpital, l’ambiance dans une chambre de malades, le rôle aliénant de la déesse télé, les visites, les cauchemars, l’ennui aussi. Mais elle le fait toujours avec discrétion, pudeur et sans jamais verser dans le pathos ou la prise d'otage lacrymale, par le biais d’une description froide et clinique, en tentant de rester positive malgré tout. Graphiquement, pas de fioritures, Jisue va à l’essentiel. En un trait minimaliste et léger, parfait contrepoint de la tonalité du récit, elle ménage des séquences oniriques, joue de parenthèses silencieuses et de non-dits dans des séquences contemplatives magnifiques, où les couleurs font d’ailleurs une incursion timide mais réelle, comme pour mieux souligner la possibilité d’une guérison prochaine. Peu de mots et de dessins pour un rendu très éloquent, où tout est dit. Bref, une juste et belle leçon de vie, où l’on apprend que même dans l’adversité la plus redoutable, une renaissance est toujours possible. Il suffit d’y croire un peu, car la maladie a aussi cette vertu de vous pousser à vous dépasser et d’être un ressort pour la vie. Une expérience pour tous.