L'histoire :
L’hiver arrive et Sun et Catsby vivent l’amour parfait : leur complicité et leurs petits jeux réchauffent le cœur. Pourtant, d’autres personnages souffrent en silence de relations douloureuses ou impossibles. Persoue est malheureuse avec son mari car celui-ci vit dans le passé et semble cacher quelque chose. Dans le même temps, Hound vit un véritable enfer avec ses employeurs, Madame Mong et son mari. Tiraillé entre son amour profond et sa moralité, Hound tente désespérément de se rapprocher de Madame Mong et est prêt à tout pour la séduire... Il ira même jusqu’à perdre son honneur pour faire avancer les choses mais les rapports entre les deux personnages sont complexes et les difficultés ne font que commencer pour le colocataire de Catsby...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après le tome trois qui faisait la part belle à l’énergie heureuse de l’amour, ce quatrième volet montre l’autre versant de ce sentiment : la souffrance. Force est de constater que Doha est un auteur qui n’a pas son pareil pour matérialiser la tristesse et les échecs bien plus que les moments de paix et de bonheur. A ce titre, cet opus est encore plus marquant dans sa peinture de l’âme et de l’intériorité des personnages. Le style lent et contemplatif de la bande dessinée montre un temps qui se ralentit et qui détruit à petit feu chaque personnage. Victimes de l’amour et de ses complications, Hound, Madame Mong, Persoue et son mari chutent de plus en plus et s’écroulent dans un abîme de souffrances. Pour une fois, seul Catsby semble épargné mais l’amour entre lui et Sun est-il vraiment aussi solide qu’il n’y paraît ? A travers le passé terrible du mari de Persoue et les tortures humiliantes que doit subir Hound pour séduire celle qu’il aime, Doha peint des douleurs différentes mais terriblement poignantes. Les mots se font cris du cœur et les images de véritables coups de poignard. L’auteur utilise constamment un procédé intéressant et percutant : chaque chapitre contient une citation que l’on retrouve ensuite dans la narration du chapitre. Ce leitmotiv résonne comme le refrain d’une chanson et donne plus de poids au texte. De plus, certaines phrases, par leur beauté simple et pure, sont de véritables instants de poésie. Deux passages sont sublimes de vérité et de tendresse dans la description de la douleur du mari de Persoue (les révélations sont nombreuses dans ce tome à ce sujet) et de Hound. Doha utilise de plus en plus un style symbolique : l’amour est comparé à la nourriture, la séparation à un mur... A travers des trouvailles textuelles et graphiques sidérantes, le réel s’écroule devant la magie et le côté irrationnel des sentiments. Le ton devient de plus en plus rêveur et plein de charmes envoutants. De la même façon, les personnages sont victimes de leurs propres sentiments et le rêve d’un amour magnifique se transforme vite en véritable cauchemar. Le style et le dessin de Doha deviennent de plus en plus sensibles et poétiques, même si le côté très méditatif et triste de la série pourront en rebuter plus d’un. Pourtant, Alfred de Musset le dit lui-même : « Les chants les plus tristes sont les chants les plus beaux ».