L'histoire :
Jade est une jeune fille chinoise chanceuse, très chanceuse. Trop chanceuse à son goût d’ailleurs. Et c’est pour cela qu’elle court aujourd’hui. Depuis toujours, elle n’échoue jamais en rien. Tous ses rêves se réalisent immédiatement et sans le moindre effort. A tel point que la vie a perdu tout intérêt à ses yeux. Elle court pour les sensations, mais aussi, et surtout, pour se débarrasser de sa veine incroyable. Et elle ne court pas de n’importe quelle manière. Avec tout un groupe de jeunes, Jade s’est élancée les yeux bandés à travers les rues de la ville, traversant des voies rapides, des escaliers, des voies de métro, dans une pluie de débris causée par les accidents ainsi provoqués, sous les éclaboussures de sang et de morceaux de chair des participants moins chanceux qu’elle et qui finissent broyés ou déchiquetés… Pourtant, rien n’atteint Jade qui, au moment même où elle allait passer sous un bus, voit son bandeau se détacher pour qu’un ultime réflexe lui sauve la vie au dernier moment. Encore une occasion de mourir de manquée. Pourtant, en perdant son bandeau, elle a aussi perdu la course. La chance l’aurait-elle enfin abandonné après un ultime baroud ? Son petit ami, un vendeur d’armes au marché noir, va venir la chercher pour qu’elle l’accompagne sur un nouveau coup. Cela sera l’occasion pour Jade de vérifier que sa chance a bel et bien disparu !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’enfer de Jade dispose d’un titre dont on ne comprend la signification qu’après le premier chapitre. Car c’est en enfer, celui de la mythologie chinoise, que Jade va rapidement se retrouver. La jeune fille, refusant de reposer en paix, va alors lutter pour trouver une sortie qu’on dit possible à franchir sous certaines conditions. Traînant le cadavre de son amant à travers divers lieux de ce monde étrange, elle fera des rencontres en tous genres, de la demi-tête d’enfant au bébé géant gardien de vaches, et affrontera en chemin des adversaires légendaires. Le scénario est assez original et alterne entre des moments très sombres et certains passages comiques, dans une ambiance souvent décalée où la violence tient une place prépondérante. Les graphismes, quant à eux, sont assez basiques, n’utilisant par exemple aucune trame pour colorer des cases où seuls quelques encrages pointent le bout du nez. Les décors sont parfois un peu minimalistes, voire stylisés comme le montre les nuages qui font penser à ceux de certains dessins traditionnels. Le niveau est assez irrégulier et l’on passe ainsi de quelques très bonnes planches à des dessins un peu bâclés. L’enfer de Jade est un parcours initiatique, une réflexion sur la vie et la mort, où cette dernière est omniprésente, ce qui est étonnant quand on connaît l’autocensure que pratique la Chine à ce sujet dans toute forme de représentation visuelle. Malgré certains passage un peu incompréhensibles, voici une œuvre intéressante. A lire.