L'histoire :
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Commençant par une anecdotique nouvelle de 3 pages qui reprend certains des éléments communs aux autres histoires mais dans un cadre futuriste, ce recueil est ensuite constitué de deux récits courts. « Mousson » parle en une grosse vingtaine de pages des rencontres entre un gamin turbulent et un vieux peintre qui le recueille, puis, à la mort de ce dernier, entre ce même enfant et un jeune peintre, l’art étant au centre de ces trois vies. « La pluie du paradis » est l’histoire la plus conséquente, et reprend certains des mêmes éléments mais sur une trame plus longue. Le tout ressemble donc aux variations d’un même thème sur trois formats distincts scénaristiquement et graphiquement, car chacune des nouvelles a un style visuel qui lui est propre, comme trois recettes différentes réalisées avec les mêmes ingrédients qui sont les vrais « personnages » principaux : la peinture, la ville Suzhou (et un de ses ponts anciens), et l’amour. Comment vivre de cet art ? Est-ce seulement possible ? Quel est le prix à payer pour suivre la quête de la beauté ? Toutes ces questions sont posées mais au-delà de l’art, c’est bien aussi d’amour dont il s’agit dans ces pages. L’amour de l’artiste pour la beauté, pour autrui, pour la vie… Le vieux peintre qui recueille l’enfant arrive à apaiser sa colère par de l’amour et à le canaliser par le dessin et la peinture ; de la même manière, le jeune talent qui n’arrive pas à vivre de son art va évoluer humainement par sa rencontre avec ce même enfant. Dans la dernière histoire, Gros Bras est un peintre raté mais qui sait voir la beauté et le talent. Il est plein d’amour, d’humanité, et aussi fortement blessé par sa vie ratée et la perte d’êtres chers à cause de la peinture qu’il aime tant mais qui ne le fait pas vivre. Le dessin de l’auteur illustre tout cela à merveille, passant du registre réaliste à un registre parfois plus « bande dessinée » lors des moments comiques, le tout étant colorisé de manière sublime et faisant irrémédiablement penser à des tableaux, justement, ou parfois même à des travaux photos. L’auteur fait des merveilles à l’informatique, notamment sur la couleur elle-même et les jeux de lumière, et donne même par moments l’impression de présenter de vraies peintures. L’aspect patiné qu’il donne aux couleurs des souvenirs de l’enfant de la seconde histoire est d’ailleurs très bien pensé. Le seul reproche qu’on fera vient des quelques réutilisations des mêmes images à plusieurs moments. « La pluie du paradis » est un recueil mélancolique, « entre tendresse et amertume », qui parle avec réalisme de l’état actuel d’artistes peintres en Chine. Tout simplement indispensable pour les amoureux de graphismes soignés ou de belles histoires.