L'histoire :
Shigo est gardien de refuge en montagne. Alors qu’il remonte des marchandises depuis la vallée vers le refuge, il apprend, une fois arrivé, qu’une amie à lui, Mme Sakamoto, a téléphoné à la station d’entrée de la montée pendant son ascension en cherchant à lui parler. Shigo s’en étonne, d’autant plus lorsqu’il apprend que celle-ci désirait savoir si sa fille Megumi ne se serait pas rendue sur place pour le voir. La jeune fille de 15 ans est celle de son meilleur ami, décédé en montagne quelques années auparavant. Lors de ces derniers instants, celui-ci avait confié sa femme et sa fille aux bons soins de Shigo, et c’est plutôt inquiet que ce dernier redescend dans la vallée pour pouvoir rappeler son amie. La mère de Megumi lui apprend alors que celle-ci a disparu et qu’elle pensait qu’elle aurait peut-être fugué pour se rendre en montagne. Shigo décide alors de se rendre à Tokyo pour rechercher lui-même la jeune fille. Sur place, il découvre la chambre de l’adolescente, où sa mère a trouvé des produits de luxe hors de prix, que Megumi n’aurait jamais du pouvoir se payer. Avec ces maigres infos et les noms de ses camarades de collège, l’homme de la montagne commence alors son enquête dans la jungle urbaine tokyoïte, un environnement bien différent de ce qu’il a connu ces dix dernières années…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On connaissait Jirô Taniguchi pour ses histoires de montagne et d’alpinisme comme K, l’ivresse des sommets ou Le sommet des dieux (tous deux chez Kana) ou pour ses chroniques urbaines telles que L’homme qui marche ou Le gourmet solitaire (tous deux chez Casterman), mais c’est la première fois qu’il marie ces deux styles au travers d’un même récit. Et le mélange est plutôt réussi, trouvant même son apogée symbolique dans les derniers chapitres où le héros se voit contraint d’exercer ses talents d’escalade sur un building. La partie enquête n’est pas en reste, avec un début assez classique mais qui nous plonge rapidement dans certains des aspects peu connus et parfois inattendus des dérives urbaines, où des adolescentes tiennent compagnie (voire plus) à des hommes murs pour de l’argent et où d’autres traînent leurs guêtres de désillusions des heures entières dans les quartiers animés en se laissant des photos et des messages les unes aux autres via des moyens pour le moins peu communs… A tel point que le lecteur occidental pourra parfois se retrouver perdu au milieu de ce monde de tous les extrêmes qu’est la jungle urbaine de Tokyo, accompagnant en cela l’incrédulité du héros, ce qui est finalement plutôt un point positif. Ils retrouveront pourtant des repères dans le dessin au confluent des styles asiatique et franco-belge, savant mélange d’un auteur aux influences avouées. Comme d’habitude avec cet auteur, ce manga mérite une place de choix dans votre manga-bd-thèque !
