L'histoire :
A 11h38, Shiori se réveille avec un énorme mal de tête et sa gorge la fait souffrir. Pendant que son mari dort complètement imbibé sur le sol du salon, elle se rend à la cuisine et trouve plein de boites vides de somnifères dans la poubelle. Là, elle se rappelle : elle a fait une overdose la veille et son mari l’a emmenée à l’hôpital pour lui faire subir un lavage d’estomac avant de la ramener à la maison. Shiori décide que cette situation ne peut plus durer. Elle prend alors son sac rempli de tranquillisants et s’en va, sans laisser de mot d’explication. Une semaine plus tard, elle se rend chez M., sa meilleure amie à la fac. Les deux jeunes femmes se racontent leur vie, se trouvent des points communs dans leur malheur et se mettent à cohabiter ensemble. Seulement, M. consomme de la drogue et va vite partager sa dépendance avec Shiori...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En s’ouvrant sur le lendemain de l’overdose de somnifères de Shiori, le ton de l’histoire est donné : cela va être douleur, tristesse et descente aux enfers ! Ainsi, on va suivre Shiori qui prend conscience que sa vie ne va pas et quitte son mari : seulement, au lieu d’avancer positivement, la jeune femme va sombrer encore plus dans l’addiction (les somnifères et tranquillisants ne suffisant plus) et connaître une véritable déchéance (drogue, prostitution, vie de SDF, secte...). Bien que Shiori accumule beaucoup de problèmes, la narration reste fluide et le récit reste très réalise et cohérent. Aussi, on se laisse immerger dans son histoire et on reste captivé par ce portrait touchant et déprimant, son ancrage dans la réalité trouvant un écho dans notre quotidien. Cependant, la fin sonne presque comme un happy-end : il y a bien un drame mais le dénouement assez positif contraste avec tout le reste du volume et on reste dubitatif sur cette façon de conclure l’histoire. En ce qui concerne les graphismes, l’auteur nous propose des planches tout à fait superbes. Que ce soient les décors ou bien les personnages, tout est réaliste et cela renforce notre immersion. Les détails sont nombreux, les nuances de gris sont variées et soignées, et le manque de dynamisme reflète efficacement le manque de vivacité de Shiori. A noter que l’auteur a travaillé directement dans le sens occidental pour le public francophone et que cela n’est donc pas Casterman qui a retourné les planches. En tout cas, malgré une fin décevante, cette histoire reste une très bonne lecture à découvrir.
