L'histoire :
Alors que l’annonce des nouveaux préfets devrait bientôt avoir lieu, la vie quotidienne au sein de l’internat n'est pas apaisée. Derrière leurs visages angéliques, certaines élèves sont de véritables pestes, imposant leur loi par la terreur. Margot, quant à elle, détonne dans cette dynamique. Elle semble morne, détachée de tout. Une profonde tristesse habite son regard. Un jour, l’alarme de l’école retentit et tout change. « En trois minutes, le monde s'est retourné comme un gant ». Ce qui tombe du ciel n’est pas de la grêle, mais des créatures terrifiantes, sous formes de petites boules blanches, mais qui dévorent tout. Dans l’établissement, les adultes prennent la fuite, imités par une partie des élèves. Pour celles qui restent, c’est l’heure de survivre et de se confronter au pire. Les tensions montent. Margot fait face à une question cruciale : comment maintenir un semblant d’unité dans un contexte de terreur et d’individualisme exacerbé ? Elle décide de s’engager auprès des élèves isolées, convaincue que la force réside dans l’entraide. Mais la peur engendre haine et violence. Certaines n’hésitent pas à s’en prendre à celles qui veulent faire la différence. Parallèlement, Olga, la fille du directeur, intrigue par sa relation mystérieuse avec les créatures. Pourquoi est-elle si différente ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nouvelle autrice, Camille Broutin contribue à défricher le territoire du manfra, le manga français en plein essor. Petit format souple, dessin en noir et blanc avec des aplats de gris, style de dessin très manga, l’œuvre applique aussi le sens de lecture japonais. Dès les premières pages, le lecteur est immergé dans un univers proche du notre, mais différent et un peu glauque. Dans un internat de filles, la violence psychologique et les rapports de force sont omniprésents. Margot, par sa singularité et son courage face à l’adversité, devient une héroïne fascinante et attachante. L'autrice insère habilement des éléments de mystère et une ambiance malaisante autour d’Olga et de sa relation ambiguë avec les créatures, tout en respectant les codes graphiques classiques du manga. Si l’aspect fantastique prend progressivement de l’ampleur, il sert surtout de révélateur aux dynamiques sociales et aux tensions inhérentes aux groupes humains. Rien n’est exagéré et chaque situation, bien que parfois dramatique, reste réaliste et crédible. Avec cette œuvre, Camille Broutin parvient à mêler fantastique, drame et réflexion sociale. Loin de n’être qu’un divertissement, ce récit pousse à s’interroger sur la force du collectif et les failles de l’humanité en temps de crise. On referme ce premier tome avec une grosse envie de continuer vite l’aventure et d'explorer davantage le label Combo de Dargaud.