L'histoire :
Japon, 13 janvier 1949. Le port de Yokahama est noir de monde car les familles viennent accueillir les soldats de retour au pays. Parmi eux figure Jiro qui demande des nouvelles de tous ses proches. Il apprend ainsi que son père a eu une autre fille, Ayako, qui a déjà quatre ans. Sa mère confesse ne pas l’avoir mise au monde mais elle n’ose pas lui en dire plus sur la véritable mère de l’enfant. Jiro devine pourtant facilement qu'il s'agit de sa belle-sœur en observant une tache de naissance sur la nuque des deux intéressées. Si les questions autour d’Ayako sont nombreuses, d’autres choses préoccupent en plus Jiro, comme le fait que les villageois le tiennent à l’écart car il a été fait prisonnier pendant la guerre. Jiro devient finalement agent secret pour le gouvernement. Son travail est dangereux mais le plus difficile pour lui est la présence d'Ayako. Cette dernière va cependant vite être isolée après avoir assisté à une scène terrible...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
De prime abord, l'histoire ressemble à un horrible fait divers où une fillette, Ayako, subit les choix d'une famille rongée par la convoitise et inquiète de sa réputation. Pourtant, il s'agit de bien plus que cela ! A travers les membres de la famille, c'est la société elle-même qui est décrite avec ce qu'elle comporte de plus sombre et hypocrite. C'est également la description du Japon d'après-guerre, la critique de la guerre et du monde militaire, le tout sur fond d'espionnage. Il y a donc plusieurs niveaux de lecture, tous magistralement menés et dépeints du point de vue d'Ayako. Cette dernière, victime et dommage collatéral, connait quant à elle un vrai destin de tragédienne très émouvant. Le scénario ne manque pas d'ambition ni d'envergure, et le dieu du manga nous livre une prestation parfaite, une saga incroyablement intelligente, sensible et sombre. Par ailleurs, la présente édition sous forme d'intégrale est de qualité avec sa couverture rigide, son format plus grand et son papier de qualité. En plus, on a le droit à deux fins : celle de la version reliée qui est négative et, précédées d’une note d’intentions du mangaka, les sept pages de la fin d’origine qui est quant à elle plus positive. Les anciens lecteurs auront donc un petit peu de nouveauté à se mettre sous la dent ! Les dessins sont à classer dans le travail mature d'Osamu Tezuka qui leur donne aisément vie et dynamisme. Si vous ne connaissez pas Ayako, n'ayez pas peur de ce pavé, c'est une rencontre qui vous passionnera à coup sûr !