L'histoire :
Le soir du 13 juin 1948, au bord du canal Tamagawa, un écrivain et Sachi, sa disciple et amante, se saoulent avant de s’attacher ensemble avec une corde. Ils ont décidé d’en finir avec la vie et se jettent à l’eau. Seulement, au moment de tomber, l’homme - Yôzô Oba - essaye de se raccrocher à la berge. En vain. Va-t-il enfin arriver à mettre fin à ses jours ou bien sera-t-il de nouveau empêché de commettre l’irréparable ? Yôzô espère vivement qu’il n’aura plus à souffrir. Il faut dire que, depuis l’enfance, il se force à jouer le bouffon pour tenter de communiquer avec les autres. De plus, il a été abusé de bien des façons par bien des personnes. Il fuit le bonheur, craint les autres, et ne parvient pas non plus à échapper à sa famille et à ses démons intérieurs...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Junji Ito fait son retour sur le devant de la scène et s’attaque pour l’occasion à un titre d’Osamu Dazai. Ce dernier, dont on a découvert le travail avec Je ne suis pas un homme nous parle à nouveau d’un homme qui sombre dans la déchéance à force d’avoir trop voulu jouer un rôle. Néanmoins, la différence des récits se situe dans la détresse des personnages : ici, c’est un homme qui a subi des abus terribles et se sent responsable de plusieurs crimes commis par son entourage. Lâcheté, folie et dépression commencent alors à l’envahir. Malgré quelques exagérations sur le malheur qui accable le personnage, l’intrigue opère efficacement pour nous faire comprendre sa psychologie et sa douleur, on se laisse totalement happer par son histoire qui possède tout de même une tonalité réaliste. De plus, les dessins du maître de l’horreur, Junji Itô collent parfaitement au scénario : cela leur apporte de la puissance et une ambiance tout à fait saisissante, les personnages ont des expressions glaçantes... On est hypnotisé par toute cette noirceur et l’aspect mortifère du protagoniste principal. Quant à l’édition, on apprécie la couverture au vernis sélectif et brillante, ainsi que le côté rugueux en relief de la veste du personnage. La déchéance d’un homme, oui, mais aussi le renouveau de deux auteurs talentueux !