L'histoire :
Été 1943, l’armée japonaise se trouve désormais en position de faiblesse sur tous les fronts. Dans le ciel de Birmanie, le capitaine Shirakawa et ses hommes pilotent des chasseurs à armement léger face à des B-24 américains blindés. Le gap technologique rend le combat inégal pour les japonais, dont les avions se font décimer, quand ce n’est pas carrément le pilote qui choisit d’écraser son avion contre un B-24 pour espérer l’abattre. Lors d’une réunion d’état-major, Shirakawa critique ses supérieurs : le problème n’est pas tactique, mais les avions adverses sont tout simplement plus performants et mieux armés. Peu de temps après, Shirakawa reçoit une lettre : il est muté à la division des essais aériens, loin du front. Désormais, il peut rentrer dîner et dormir chez lui chaque soir. Mais lui qui connaît la réalité du front va être étonné de constater que certains tests effectués sont loin d’être adéquats avec les vraies attentes des pilotes. De plus, il va constater un décalage entre la vision des dirigeants restés à Tokyo et le front où les soldats meurent chaque jour un peu plus...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nous ayant jusqu’ici plutôt habitués aux récits sur la Seconde Guerre Mondiale, notamment d’aviation (Un cri dans le ciel bleu, 103e escadrille de chasse, L’as de l’aviation...), et prenant principalement place sur la ligne de front, Seiho Takizawa revient cette fois avec une histoire dont le théâtre se déplace très rapidement loin des combats. En 1943, alors que l’armée japonaise a perdu toute la supériorité qu’elle avait acquise au début de la guerre, le capitaine Shirakawa, pilote émérite, se retrouve muté à la division des essais aériens pour avoir osé dire à l’état-major que leur principal problème était l’infériorité technologique face aux bombardiers américains. De retour au pays, lui qui connaît la réalité du front se rend alors compte de l’absurdité des essais techniques qu’il doit réaliser par rapport à ce qui est réellement nécessaire. Mais en retrouvant sa femme, qui devient ainsi le second personnage principal du récit, il découvre en même temps que le lecteur la désinformation des civils et les conditions de vie au jour le jour qui se dégradent de plus en plus. Plus proche d’un documentaire mis en scène que d’un récit d’action donc, l’histoire est intéressante de bout en bout et c’est une vraie plongée dans le Tokyo de cette époque, même si parfois un peu trop pointue quand les protagonistes parlent mécanique (on aurait aimé des explications en bas de page). On pense également au long métrage d’animation Le vent se lève du studio Ghibli dont Sous le ciel de Tokyo partage de nombreux points communs. Pas étonnant quand on sait que Seiho Takizawa et Hayao Miyazaki (pour son manga dont est issu l’idée du film précité) étaient publiés dans le même magazine spécialisé dans l’aéronautique au même moment. Plus récemment, on rapprochera également le récit de celui du film d’animation Dans un recoin de ce monde tiré du manga éponyme. Pour autant, le mangaka n’oublie pas les amateurs d’aviation et leur offre de très belles planches, dont quelques-unes de combat. Par ailleurs, il abandonne son style habituel très réaliste pour un trait un peu plus manga et légèrement moins détaillé, mais qui pour autant colle très bien au récit. Une courte série à ne pas manquer pour tous les amateurs d’Histoire !