L'histoire :
Gen Rokkôji se trouve dans des sales draps. Suite à son enquête sur une maladie ayant touché un village isolé, il découvre une réalité rongée par des machinations politiques. Au début de ce 2ème tome, Gen a été capturé et est emmené dans ce qui semble être un hôpital psychiatrique. Diagnostiqué schizophrène sans le moindre examen, il ne tarde pas à découvrir qu'il est en réalité dans une prison. La forte présence militaire et le traitement des « patients » plus qu'abusif ne laissaient pas de place au doute. Ses camarades de cellule lui apprennent que « l'hôpital » cache en fait un gigantesque chantier. Ce dernier est encadré par les militaires japonais mais a été en réalité commandité par les américains. Cette subordination n'est pas du goût du colonel Amakatsu qui ne fait pas confiance aux américains. Sur place pour la livraison des nouveaux « patients », il s'entretient avec le directeur du chantier pour essayer d'en savoir plus. Durant l'entrevue, le directeur reconnaît que Gen est le fils d'un célèbre général. La lueur d'espoir est brève, le directeur se fait éliminer par le colonel qui a pour ordre de ne laisser sortir que des cadavres. Quant à Gen, en confiance avec un de ses collègues de cellule, il prépare un plan d'évasion impliquant un passage par le seul endroit non surveillé du chantier : les latrines. L'aventure s'annonce risquée mais tout semble meilleur que cet enfer... Gen va apprendre à ses dépends que l'enfer est bien plus sordide que ce qu'il s'imaginait.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Critiquer une oeuvre emblématique est un exercice délicat. En effet, de par ce statut, Les vents de la colère est un manga à lire pour tous ceux qui s'intéressent à la culture nippone. Mais heureusement ce manga est bien plus que cela. Certes, il ne brille pas par ses dessins surannés. Comme beaucoup d'oeuvres qui datent, les traits sont très ronds – peut-être trop pour une oeuvre qui se veut noire. L'auteur joue par contre avec brio sur le contraste, l'atmosphère est aussi lourde et sombre que le récit. Le scénario est indéniablement le point fort du manga. Dans une histoire aux forts penchants fatalistes, l'auteur nous pousse à réfléchir sur la gouvernance d'un pays dans un contexte international mais aussi sur les relations entre pouvoir et population. Un tel effort de remise en question est surprenant pour le Japon où l'on essaie plutôt de se fondre dans la masse. Le manga est aussi riche en renseignements sur ce pays et sa relation à l'extérieur, notamment de par sa position délicate après la 2nde guerre. Chose assez rare, le racisme envers les occidentaux et sa réciproque sont aussi présents. Deux commentaires en fin de tome viennent renforcer la réflexion amenée par le manga. Le 1er est trop pessimiste et directif dans l'interprétation de l'oeuvre, dommage. Quant au 2ème, il nous suggère un autre atout de ce manga : Il nous sensibilise à un point de vue sur le Japon souvent absent de l'esprit des fanatiques... Racisme et privation des libertés ne sont pas encore absents de ce pays.